mercredi 28 mai 2025

Guy de Maupassant (Isaac Babel)

     Ce texte parut en 1932 dans le revue Trente jours. Sa première rédaction remonterait à une dizaine d’années plus tôt. Babel était féru de littérature française, et admirait notamment Flaubert et Maupassant.
Babel dirigea l’édition en russe de plusieurs recueils des œuvres de Maupassant entre 1926 et 1929, aux éditions La terre et la fabrique, en traduisant lui-même certains de ces récits.

     Je me suis appuyé sur l’ancienne traduction, pour un recueil folio-Gallimard, de 1967, due à A. Bloch et M. Minoustchine, ainsi que sur celle, plus récente, de Sophie Benech, aux éditions Le bruit du temps, en corrigeant ce qu’il y avait éventuellement de discutable dans les deux, et en m’efforçant — ce qui n’est pas toujours simple, car, dans l’ensemble, ce sont des traductions de qualité – de ne pas les copier. En rajoutant aussi de nombreuses notes ayant sans doute leur utilité. On trouvera à la note 19 le texte intégral, au format pdf, du récit de Maupassant L’aveu.



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     L’hiver 1916, je me retrouvai à Saint-Pétersbourg avec un faux passeport, et sans un sou en poche. Je fus hébergé par un professeur de littérature russe, Alexeï Kazantsev.

     Il habitait dans une rue glacée, jaune et puante du quartier des Peski1. Il complétait son maigre traitement grâce à des traductions de l’espagnol ; à cette époque, Blasco Ibáñez2 atteignait la célébrité.

     Kazantsev n’avait jamais séjourné en Espagne, mais tout son être était rempli de ce pays : il en connaissait tous les châteaux, tous les jardins et toutes les rivières. En dehors de moi, une quantité de gens sortis du cours normal de la vie trouvait refuge chez Kazantsev. Nous ne mangions pas à notre faim. De temps en temps, des feuilles de chou imprimaient en petits caractères un entrefilet que nous avions rédigé au sujet d’un fait divers.

     Le matin, je battais la semelle du côté des morgues et des commissariats.

     Kazantsev était tout de même plus heureux que nous : lui, il avait une patrie – l’Espagne.

     En novembre, se présenta à moi une place d’employé de bureau à l’usine Oboukhov3 : un travail correct, qui exemptait du service militaire.

     Je refusai de devenir employé de bureau4.

     En ce temps-là, déjà – j’avais vingt ans –, je m’étais dit : plutôt la faim, le vagabondage et la prison que de rester assis dix heures par jour dans un bureau. Ce serment n’avait rien de particulièrement héroïque, mais je ne le violai pas, et ne le violerai jamais. Ma tête abritait la sagesse de mes ancêtres : nous sommes sur terre pour jouir du travail, de la lutte et de l’amour, et pour rien d’autre.

     En m’écoutant prêcher, Kazantsev ébouriffait le petit duvet jaune sur sa tête. Dans son regard, alternaient l’effroi et le ravissement.

     À Noël, la chance nous sourit. L’avocat Benderski, propriétaire de la maison d’édition Alcyone5, imagina de faire paraître une nouvelle édition des œuvres de Maupassant. Sa femme Raïssa se mit à la traduction. Cette entreprise seigneuriale fut un fiasco.

     On demanda à Kazantsev, qui traduisait de l’espagnol, s’il ne connaissait personne pouvant venir en aide à Raïssa Mikhaïlovna6. Kazantsev me désigna.

     Le lendemain, vêtu d’un veston d’emprunt, j’allai chez les Benderski. Ils habitaient au coin de l’Avenue Nevski et du quai de la Moïka7, dans une maison en granit finlandais, ornée de colonnes roses, de meurtrières et d’armoiries gravées dans la pierre. Des banquiers sans attaches ni traditions, des Juifs convertis ayant fait fortune dans diverses fournitures, avaient, avant la guerre, fait construire à Pétersbourg une quantité de ce genre de palais vulgaires et faussement majestueux.

     Un tapis rouge s’étalait sur les marches de l’escalier. Sur les paliers, des ours en peluches se dressaient sur leurs pattes arrière. Des globes d’éclairage en cristal brillaient dans leurs gueules ouvertes.

     Les Benderski habitaient au deuxième étage. M’ouvrit une femme de chambre à la poitrine haute et portant une coiffe. Elle m’amena dans un salon arrangé dans le style vieux slave; Aux murs étaient accrochés des tableaux de Roerich8 : des rochers et des monstres préhistoriques. Dans les coins, sur les étagères de petites armoires étaient posées des icônes de facture ancienne. La femme de chambre à la poitrine haute se mouvait solennellement dans la pièce. Elle était bien faite, myope et hautaine. Une débauche pétrifiée se lisait dans ses yeux gris grands ouverts. La jeune fille se déplaçait avec lenteur. Je songeai qu’elle devait, pendant l‘amour, remuer avec une agilité frénétique. La tenture de brocart accrochée au-dessus de la porte se mit à onduler. Une femme brune à la forte poitrine et aux yeux roses entra dans la pièce. Il fallait peu de temps pour reconnaître en cette Raïssa Benderski cette race enivrante de Juives arrivées chez nous en provenance de Kiev et de Poltava9, des villes opulentes de la steppe, plantées de marronniers et d’acacias. Ces femmes transvasent l’argent de leurs habiles maris sous la forme d’une couche de graisse rose sur leur ventre, leur nuque et leurs épaules pleines. Leur sourire tendrement moqueur et plein d’indolence fait perdre la tête aux officiers de garnison.

     « Maupassant est la seule passion de ma vie », me dit Raïssa.

     S’efforçant de contenir le balancement de ses fortes hanches, elle sortit de la pièce et revint avec sa traduction de Miss Harriet10. Il ne restait, dans cette traduction, pas trace de la phrase de Maupassant, libre, fluide et remplie du long souffle de la passion. Mme Benderski11 écrivait avec une correction éreintante, sans vie et de façon désinvolte : ainsi les Juifs écrivaient-ils autrefois en russe.

     J’emportai le manuscrit chez moi et, dans la mansarde de Kazantsev, au milieu des dormeurs, je passai la nuit à pratiquer des trouées dans cette traduction étrangère. Ce n’est pas un travail aussi moche qu’il y paraît. Une phrase est, à sa naissance, à la fois bonne et mauvaise. Tout le secret réside dans le virage imperceptible qu’on lui fait prendre. On doit avoir le levier bien en main, attendre qu’il soit chaud, et faire tourner une seule fois.

     Au matin, je ramenai le manuscrit corrigé. Raïssa ne mentait pas, en parlant de sa passion pour Maupassant. Pendant que je lisais, elle resta assise, immobile, les mains croisées ; ses bras satinés glissaient vers le bas, son front pâlissait, la dentelle entre ses seins écrasés s’écartait et palpitait.

     « Comment avez-vous fait cela ? »

     Je me mis alors à parler du style, de l’armée des mots, cette armée où tous les types d’armes entrent en action. Aucun fer ne peut entrer de façon aussi glaçante dans le cœur humain qu’un point bien placé. Elle écoutait, inclinant la tête, entrouvrant ses lèvres maquillées. Un rayon sombre brillait dans ses cheveux laqués, bien lisses et séparés par une raie. Coulées dans leurs bas, ses jambes aux mollets fermes et délicats étaient écartées sur le tapis.

     Détournant ses yeux à la débauche figée, la femme de chambre nous apporta sur un plateau le déjeuner12.

     Le soleil vitreux de Pétersbourg s’étalait sur le tapis raboteux et décoloré. Les vingt-neuf tomes de l’œuvre11 de Maupassant se tenaient sur une étagère au-dessus de la table. Le soleil effleurait de ses doigts évanescents le dos en maroquin des livres, ce magnifique tombeau pour un cœur humain.

     On nous servit du café dans de petites tasses d’un bleu profond, et nous nous mîmes à traduire Idylle14. Tout le monde se souvient de ce récit dans lequel un jeune charpentier affamé tète le lait dont l’excès fait souffrir une grosse nourrice. Cela se passe dans un train allant de Nice à Marseille, par un midi de canicule, au pays des roses, leur patrie même, là où les plantations de fleurs descendent sur le bord de mer…

     Je sortis de chez les Benderski avec un acompte de vingt-cinq roubles. Ce soir-là, notre commune des Peski se retrouva ivre comme un troupeau d’oies soûles. Nous puisâmes le caviar grenu à la cuillère et grignotâmes ensuite du saucisson de fressure15. Un peu éméché, je me mis à invectiver Tolstoï.

     « Il a eu la trouille, votre comte, il s’est dégonflé… sa religion, c’est juste de la peur… Effrayé par le froid, par la vieillesse, il s’est tricoté un chandail avec la foi…

     — Continue ! » me disait Kazantsev en balançant sa tête d’oiseau.

     Nous nous endormîmes à côté de nos lits. Je rêvai de Katia, une blanchisseuse de quarante ans qui habitait à l’étage en-dessous. Le matin, nous allions prendre de l’eau bouillante chez elle. Je n’avais jamais pris le temps de bien regarder son visage, mais, dans mon rêve, nous faisions Dieu sait quoi, Katia et moi. Nous étions épuisés à force de nous embrasser. Le lendemain matin, je ne pus me retenir d’aller chez elle chercher de l’eau bouillante.

     Je fus accueilli par une femme fanée, portant un châle croisé sur sa poitrine, avec des boucles défaites d’un gris de cendre et des mains moites.

     Dès lors, je déjeunai tous les matins chez les Benderski. Dans notre mansarde firent leur apparition un poêle neuf, du hareng et du chocolat. À deux reprises, Raïssa m’emmena en voiture dans les îles16. Je ne pus me retenir de lui raconter mon enfance17. À mon propre étonnement, cette narration s’avéra lugubre. Sous la toque en poils de taupe, me regardaient des yeux brillants et effarés, la fourrure rousse des cils frémissant de compassion.

     Je fis la connaissance du mari de Raïssa, un Juif au visage jaune, au crâne dénudé et au corps robuste et plat, semblant prendre son élan pour s'enfuir à tire-d'aile. La rumeur le disait proche de Raspoutine18. Les gains que lui avaient rapportés les fournitures militaires lui donnaient l’allure d’un possédé. Ses yeux hagards vagabondaient, le tissu de la réalité s’était déchiré pour lui. En présentant à son mari de nouvelles personnes, Raïssa était gênée. En raison de ma jeunesse, il me fallut une semaine pour le remarquer.

     Après le Nouvel An, les deux sœurs de Raïssa arrivèrent de Kiev9. Un jour, j’apportai le manuscrit de « L’Aveu »19 et, n’ayant pas trouvé Raïssa chez elle, je revins le soir. Ils étaient en train de dîner. Me parvenaient de la salle à manger des hennissements argentins de jument et le grondement de voix d’hommes à l’allégresse exagérée. Dans les maisons de nouveaux riches, les dîners sont bruyants. C’était un boucan à la juive, avec des roulades et des finales chantantes. Raïssa sortit à ma rencontre dans une robe de bal laissant son dos nu.Elle marchait de façon gauche, les pieds chaussés de souliers vernis instables.

     « Je suis ivre, mon cher », dit-elle en me tendant ses bras couverts de chaînes en platines et d’étoiles d’émeraude.

     Son corps se balançait comme celui d’un serpent que la musique fait se dresser vers le plafond. Elle secouait sa tête bouclée et faisait tinter ses bagues, et se laissa brusquement tomber dans un fauteuil aux sculptures d’ancien style russe. Des cicatrices rougeoyaient sur son dos.

     Un rire féminin éclata encore derrière la cloison. De la salle à manger sortirent les sœurs moustachues, aussi grandes que Raïssa, et à la poitrine aussi généreuse qu’elle. Leurs seins se portaient en avant, leurs cheveux noirs flottaient. Toutes les deux étaient mariées à leur propre Benderski. La pièce se remplit d’une gaieté féminine incohérente, une gaieté de femme mûre. Leurs maris emmitouflèrent les sœurs dans des manteaux de loutre et des châles d’Orenbourg, et leur mirent aux pieds des snow-boots noirs ; sous la douce visière des châles n’apparaissaient plus que des joues fardées et luisantes de rouge, des nez marmoréens et des yeux à l’éclat myope et sémitique. Il y eut encore du tapage, puis ils partirent pour le théâtre, où l’on donnait Judith20, avec Chaliapine21.

     « Je veux travailler, balbutia Raïssa en étirant ses bras nus ; nous avons sauté une semaine entière… »

     Elle ramena de la salle à manger une bouteille et deux verres; Sa poitrine reposait en liberté dans la poche soyeuse de sa robe ; les pointes de ses seins se dressèrent, cachées par la soie.

     « Une rareté, dit Raïssa en versant le vin dans les verres. Du muscat de 1883. Mon mari me tuera, quand il le saura… »

     Je n’avais jamais eu affaire à du muscat de 1883, et n’hésitai pas à en boire trois verres d’affilée. Ce qui m’amena tout de suite dans des ruelles où flottait une flamme orange, tandis qu’on entendait de la musique.

     «  Je suis ivre, mon cher… Qu’est-ce que nous avons, aujourd’hui ?

     L’Aveu22.

     — Va pour L’Aveu. Le soleil est le héros de ce récit, le soleil de France… Des gouttes de soleil en fusion s’étaient changées, en tombant sur la rousse Céleste, en taches de son. Le soleil, par ses rayons tombant à pic, le vin et le cidre avaient poli la trogne du cocher Polyte. Deux fois par semaine, Céleste allait à la ville vendre de la crème, des œufs et de la volaille. Elle payait le transport à Polyte dix sous pour elle et quatre sous pour son panier. Et à chaque voyage, Polyte demandait avec un clin d’œil à la rousse Céleste : « C’est pour quand, la rigolade23, ma belle ? — Qu’est-ce que ça veut dire, m’sieur Polyte ? » Et le cocher d’expliquer, en trassautant sur son siège : « La rigolade, c’est la rigolade, pardi ! Un gars et une fille, pas besoin de musique… — Je n’aime pas ce genre de blagues, m’sieur Polyte », répondait Céleste en éloignant du gars ses jupons pendant sur ses robustes mollets serrés dans des bas rouges.

     Mais ce diable de Polyte ne faisait que rire aux éclats et toussoter : « Un jour, ce sera la rigolade, nous deux, ma belle », et des larmes  de joie roulaient sur son visage couleur de brique et de vin.

     Je bus encore un verre de muscat rare. Raïssa trinqua avec moi.

     La femme de chambre aux yeux pétrifiés traversa la pièce et disparut.

     Ce diable de Polyte… en deux ans, Céleste lui avait versé quarante-huit francs. Deux de moins que cinquante. À la fin de la deuxième année, alors qu’ils étaient seuls dans la diligence, et que Polyte, qui avait bu un coup de cidre avant le départ, lui demandait comme d’habitude : « Alors, ce serait pas pour aujourd’hui, la rigolade, mam’zelle Célste ? », elle répondit, les yeux baissés : « Je suis à votre service, m’sieur Polyte… »

     De rire, Raïssa s’écroula sur la table. Ce diable de Polyte 

     Une rosse blanche était attelée à la diligence, une rosse blanche aux lèvres roses, qui allait au pas. Le gai soleil de France enveloppa la voiture, qu’une capote roussie isolait du monde. Un gars et une fille, pas besoin de musique… Raïssa me tendit un verre. C’était le cinquième.

     « Mon vieux, à Maupassant…  

     — Alors, ce serait pas pour aujourd’hui, la rigolade, ma belle ? » Je fis mouvement vers Raïssa et l’embrassai sur les lèvres. Qui frémirent et se gonflèrent.

     « Vous êtes amusant », marmonna Raïssa entre ses dents, et elle recula.

     Elle se colla contre le mur, ses bras nus écartés. Des taches s’allumèrent sur ses bras et ses épaules. De tous les dieux jamais crucifiés, c’était le plus séduisant.

     « Donnez-vous la peine de vous assoir, m ‘sieur Polyte… »

     Elle m’indiquait un fauteuil de guingois, de style slave. Son dossier était formé d’un entrelacement de planchettes de bois découpées, avec des queues peinturlurées. Je m’y traînai en trébuchant.

     La nuit avait présenté à ma jeunesse affamée une bouteille de muscat de 1883 et vingt-neuf livres, vingt-neuf pétards remplis de pitié, de génie, de passion… Je bondis, renversai mon siège et heurtai l’étagère. Les vingt-neuf tomes s’écroulèrent sur le tapis, leurs feuilles voletant, les livres se mettant en biais… et la rosse blanche de mon destin partit au pas.

     « Vous êtes amusant », grogna Raïssa.

     Je quittai la maison de granit sur la Moïka un peu avant minuit, avant que les sœurs et le mari ne reviennent du théâtre. Je n’étais pas ivre et j’aurais pu marcher sur une planche, mais il valait bien mieux tituber, et j’oscillai d’un côté et de l’autre en chantant dans une langue que je venais d’inventer. Dans les tunnels des rues,  au contour tracé par une chaîne de lampadaires, circulaient des vapeurs de brouillard. Des monstres rugissaient derrière les murs bouillants. Les pavés tranchaient les jambes de ceux qui marchaient dessus.

     Chez lui, Kazantsev dormait. Il dormait assis, ses jambes maigres allongées dans leurs bottes de feutre. Son duvet de canari se hérissait sur sa tête. Il s’était endormi près du poêle, penché sur une édition de 1624 de Don Quichotte. On trouvait sur la page de garde une dédicace au duc de Broglie. Je me couchai sans faire de bruit, pour ne pas réveiller Kazantsev, approchai de moi la lampe et me mit à lire le livre d’Édouard Maynial24, La vie et l’œuvre de Guy de Maupassant. Les lèvres de Kazantsev remuaient, sa tête s’inclinait.

     Et j’appris cette nuit-là d’Édouard Maynial que Maupassant était né en 1850 d’un gentilhomme normand et de Laure Le Poittevin25, une cousine de Flaubert. À vingt-cinq ans, il ressentit les premières atteintes d’une syphilis  héréditaire26. Sa fécondité et sa gaieté opposèrent de la résistance à la maladie. Il commença par éprouver des maux de tête et des accès d’hypocondrie. Puis le spectre de la cécité se dressa devant lui. Sa vue baissa. Il devint maladivement soupçonneux, insociable et chicaneur. il lutta furieusement, sillonnant la Méditerranée sur un yacht, fonçant à Tunis, au Maroc, en Afrique centrale – tout en écrivant sans relâche. Ayant atteint la gloire, il se trancha la gorge au cours de sa quarantième année, perdit une quantité de sang mais resta en vie. On l’enferma dans un asile. Il y marchait à quatre pattes et mangeait ses excréments. La dernière mention sur son dossier médical annonce : « Monsieur de Maupassant va s’animaliser. » Il mourut à quarante-deux ans. Sa mère lui survécut27. 

     Je lus le livre jusqu’au bout et me levai. Le brouillard se rapprocha de la fenêtre et masqua l’univers. Mon cœur se serra. Le présage de la vérité m’effleura.




Notes

  1. Les sables. Quartier historique de Saint-Pétersbourg, ville construite sur le delta de la Néva et sur des marais…
  2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Vicente_Blasco_Ib%C3%A1%C3%B1ez
  3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Aci%C3%A9rie_Oboukhov
  4. À la différence de Maupassant, qui le fut durant une dizaine d’années.
  5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Alcyone_et_C%C3%A9yx
  6. Raïssa, fille de Mikhaïl. C’est la désignation courante d’une personne : prénom et patronyme.
  7. La Moïka est une petite rivière traversant la ville. L’avenue Nevski est en général nommée (à tort) perspective Nevski.
  8. https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Roerich
  9. Kyiv désormais. Poltava : https://fr.wikipedia.org/wiki/Poltava
  10. https://fr.wikipedia.org/wiki/Miss_Harriet 
  11. Maupassant a écrit six romans et trois cents nouvelles.
  12. Dans le texte, on trouve simplement « Benderskaïa » : les noms de famille sont des adjectifs qui se déclinent, ici au féminin. Cela passe mal en français.
  13. Il s’agit du petit déjeuner tardif, déjà consistant, pris bien après le thé du matin.
  14. https://fr.wikipedia.org/wiki/Idylle_(Maupassant)
  15. https://www.cnrtl.fr/definition/fressure
  16. Les îles du delta de la Néva. Dostoïevski a fait connaître l’île Vassilievski…
  17. Babel a évoqué sa jeunesse dans une série de petits récits.
  18. Le célèbre moine influençant la tsarine Alexandra : https://fr.wikipedia.org/wiki/Grigori_Raspoutine. Du fait de cet influence, il était courtisé par nombre d’affairistes.
  19. https://athena.unige.ch/athena/maupassant/maupassant-l-aveu.pdf
  20. https://fr.wikipedia.org/wiki/Judith_(Serov)
  21. https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9dor_Chaliapine
  22. En français dans le texte, ici. À partir de maintenant, les italiques ne se rapportant pas au titre d’un ouvrage signaleront un passage en français.
  23. On reprend ici certaines des expressions se trouvant dans le texte de Maupassant, voir la note 19.
  24. Et non Édouard de Maynial, comme on lit dans le texte russe.  Ce « de » erroné est peut-être le résultat d’une attraction (de Maupassant, de Broglie). Le livre parut au Mercure de France en 1906. Babel le lit-il en français, ou dans une traduction ?
  25. On trouve « Laure de Poitevin » dans le texte russe, mais il est possible qu’il s’agisse de coquilles.
  26. https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9r%C3%A9dosyphilis. Mais la syphilis de Maupassant n'était pas de ce type, il l'avait contractée lui-même : https://lesgeneralistes-csmf.fr/2012/10/05/maupassant-et-sa-syphilis-une-vie-tragique/
  27. https://fr.wikipedia.org/wiki/Alfred_Le_Poittevin

lundi 19 mai 2025

Rue Dante (Isaac Babel)

     Ce court texte parut en mars 1934 dans Trente jours, revue littéraire mensuelle fondée en 1925 et qui publia Ilf & Petrov et une flopée d’écrivains soviétiques.

     En 1927-1928, Isaac Babel fait en Europe le voyage que l’éclatement de la guerre, en 1914, avait rendu impossible – et il s’en était passé, des choses, depuis ce temps-là, notamment la participation de Babel, comme correspondant de guerre du journal Le Cavalier rouge, à la campagne de Pologne de la première armée de cavalerie commandée par Boudionny – ce qu’il décrira, les années suivantes, dans les récits composant le recueil Cavalerie rouge. Il séjourne à Berlin, puis à Paris, où il renoue avec sa femme Ievguénia, qui avait quitté la Russie en 1925. Mais auparavant, il fait l’expérience de la solitude…


     (Cette courte présentation utilise certains des repères biographiques qu’on trouve à la fin du petit livre regroupant des récits de Babel se rapportant à son enfance et à sa jeunesse, livre intitulé Histoire de mon pigeonnier et traduit par Sophie Benech, pour les éditions Le bruit du temps.)


    Babel n’est pas un auteur de tout repos, on trouve souvent diverses langues dans ses textes, et son style est très imagé : pour y faire face, il faut parfois prendre quelques libertés, en veillant à ne pas faire de sortie de route, tout de même…



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     Ce court texte parut en mars 1934 dans Trente jours, revue littéraire mensuelle fondée en 1925 et qui publia Ilf & Petrov et une flopée d’écrivains soviétiques.

     En 1927-1928, Isaac Babel fait en Europe le voyage que l’éclatement de la guerre, en 1914, avait rendu impossible – et il s’en était passé, des choses, depuis ce temps-là, notamment la participation de Babel, comme correspondant de guerre du journal Le Cavalier rouge, à la campagne de Pologne de la première armée de cavalerie commandée par Boudionny – ce qu’il décrira, les années suivantes, dans les récits composant le recueil Cavalerie rouge. Il séjourne à Berlin, puis à Paris, où il renoue avec sa femme Ievguénia, qui avait quitté la Russie en 1925. Mais auparavant, il fait l’expérience de la solitude…


     (Cette courte présentation utilise certains des repères biographiques qu’on trouve à la fin du petit livre regroupant des récits de Babel se rapportant à son enfance et à sa jeunesse, livre intitulé Histoire de mon pigeonnier et traduit par Sophie Benech, pour les éditions Le bruit du temps.)


    Babel n’est pas un auteur de tout repos, on trouve souvent diverses langues dans ses textes, et son style est très imagé : pour y faire face, il faut parfois prendre quelques libertés, en veillant à ne pas faire de sortie de route, tout de même…



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     De cinq à sept, notre hôtel, l’Hôtel Danton2, était soulevé en l’air par des gémissements d’amour. Des experts officiaient dans les chambres. Persuadé, à mon arrivée en France, que son peuple avait perdu sa force, je fus grandement étonné par cette énergie. Chez nous, on est loin de porter les femmes à cette incandescence, très loin, même. Mon voisin Jean Biénal3 me dit un jour :

     « Mon vieux, au cours de nos mille ans d’histoire, nous avons créé la femme, la gastronomie et la littérature… Cela, personne ne nous le déniera… »

     Vendeur d’automobiles d’occasion, Jean Biénal m’en apprit davantage sur la France que tous les livres que je lisais et toutes les villes que je visitais. Lors de notre première rencontre, il s’enquit du restaurant, du café et de la maison de tolérance dont j’étais l’habitué4. Il fut effaré par ma réponse.

     « On va refaire votre vie… »

     Et nous la refîmes en effet. Nous nous mîmes à déjeuner dans les  gargotes fréquentées par les marchands de bétail et les négociants en vins – en face de la Halle aux vins.

     Des filles de la campagne en claquettes nous servaient des homards en sauce rouge, du lièvre rôti farci à l’ail et aux truffes, et un vin qu’il ne fallait pas espérer trouver ailleurs. Biénal commandait, et c’était moi qui payais, mais je payais la même chose que les Français. Ce n’était pas bon marché, mais c’était le vrai prix. De même, je payais le prix habituel à la maison de tolérance maintenue en état par plusieurs sénateurs à côté de la Gare St. Lazare. Biénal se dépensa davantage pour me présenter toutes les habitantes de cette maison qu’il n’aurait dû faire d’efforts si l’envie m’avait pris d’assister, à la Chambre, au renversement d’un ministère. Nous finissions la soirée à la Porte Maillot, dans le café où se rassemblent les organisateurs de matches de boxe et les pilotes de courses automobiles. Mon professeur appartenait à cette moitié de la nation qui vend des automobiles – l’autre moitié les échangeant. Il était commissionnaire pour Renault, et faisait surtout du négoce avec des hommes d’affaires roumains, qui sont les plus louches des brasseurs d’affaires. Durant ses loisirs, Biénal m’enseignait l’art d’acheter une automobile d’occasion. Pour ce faire, d’après lui, il fallait aller sur la Riviera à la fin de la saison, au moment où les Anglais partent en abandonnant dans les garages les voitures qui leur ont servi pendant deux ou trois mois. Biénal  se déplaçait lui-même dans une Renault à la peinture écaillée, qu’il conduisait comme un Samoïède dirige son attelage de chiens. Le dimanche, nous faisions, à bord de cette charrette tressautante, cent vingt kilomètres pour gagner Rouen et y manger du canard cuit dans son propre sang5. Germaine nous accompagnait : Germaine était vendeuse de gants dans un magasin de la Rue Royale. Le mercredi et le dimanche étaient, pour Biénal, les jours de Germaine. Elle arrivait à cinq heures. Peu après, on entendait dans leur chambre des ronchonnements, la chute de corps, un cri de frayeur, et puis commençait la tendre agonie féminine :

     « Oh, Jean… »

     Je comptais en moi-même : bon, Germaine est entrée, elle a fermé la porte derrière elle, ils se sont embrassés, la jeune  fille a retiré son chapeau et ses gants et les a posés sur la table, d’après mes calculs, il ne leur restait plus de temps. Il manquait de temps pour se déshabiller. Sans dire une seul mot, ils sautaient dans leurs draps, comme des lièvres. Après avoir poussé des gémissements, ils se pâmaient de rire et causaient de leurs affaires. J’en savais tout ce que pouvait en savoir un voisin se trouvant de l’autre côté d’une cloison de planches. Germaine était en bisbille avec monsieur Anrich, le gérant du magasin. Elle rendait visite à ses parents, lesquels habitaient Tours. Un samedi, elle s’était acheté un boa de fourrure, un autre samedi elle avait écouté « La Bohème » à l’Opéra. Monsieur Anrich obligeait ses vendeuses à porter des tailleurs stricts. Monsieur Anrich faisait une Anglaise de Germaine, qui avait pris place dans sa batterie de femmes actives à la poitrine plate, vives, bouclées et maquillées d’un rouge éclatant tirant sur le marron, mais ses chevilles rondes, son rire bref et grave, le regard de ses yeux attentifs et brillants, ainsi que ses soupirs d’agonie – oh Jean ! –, tout cela revenait à Biénal.

     Dans la fumée d’or du soir parisien se mouvait devant nous le corps svelte et robuste de Germaine ; en riant, elle rejetait la tête en arrière et pressait ses doigts agiles et roses contre ses seins. Mon cœur se réchauffait pendant ces heures. Il n’est pas de solitude plus désespérante que d’être seul à Paris.

     Pour tous ceux qui viennent de loin, cette ville est une sorte d’exil, et il m’arrivait de penser que les Germaine nous étaient plus nécessaires qu’à Biénal. Avec cette idée en tête, je partis à Marseille.

     Y étant resté un mois, je revins à Paris. J’attendais le mercredi, pour entendre à nouveau la voix de Germaine.

     Le mercredi s’écoula sans que fût rompu le silence de l’autre côté de la cloison. Biénal avait changé de jour. Une voix féminine se fit entendre le jeudi, à cinq heures, comme toujours. Biénal laissa à son invitée le temps d’ôter son chapeau et ses gants. Germaine avait changé de jour, mais aussi de voix. Ce n’était plus la supplication entrecoupée oh, Jean… suivie d’un silence, le terrible silence du bonheur d’autrui. À la place, un tapage rauque dans la pièce, de petits cris gutturaux. La nouvelle Germaine grinçait des dents, tombait d’un seul élan sur le divan et, durant les pauses, dissertait d’une voix épaisse et traînante. Elle ne parla pas de monsieur Anrich et, après avoir rugi et grondé jusqu’à sept heures, se prépara à partir. J’entrouvris ma porte pour aller à sa rencontre, et vis, marchant dans le couloir, une mulâtresse avec une haute crinière de cheveux et portant en avant une grosse poitrine tombante. Traînant les pieds dans des mules avachies sans talon, la mulâtresse remonta le couloir. Je frappai chez Biénal. Il était vautré sur le lit, sans veston, dans des vêtements chiffonnés, l’air vieilli, portant des chaussettes relavées. 

     « Mon vieux, vous avez laissé tomber Germaine ?

     Cette femme est folle, me répondit-il en se pelotonnant. Qu’il y ait sur terre des hivers et des étés, un début et une fin, que l’été succède à l’hiver et inversement, tout ça ne concerne pas mademoiselle Germaine, ce ne sont pas des chansons pour elle… Elle vous met un fardeau sur le dos et exige que vous alliez le porter… où donc ? Personne ne le sait, à part mademoiselle Germaine… »

    Biénal s’assit sur le lit, son pantalon tout froissé couvrant ses jambes flasques ; la peau pâle de son crâne se montrait à travers ses cheveux collés, sa moustache triangulaire frémissait. Le vin de Mâcon à quatre francs le litre le remit d’aplomb. Au dessert, il haussa les épaules et déclara, répondant à ses propres pensées :

     « … Outre l’amour éternel, il y a aussi sur terre les Roumains, les lettres de change, les gens qui font faillite, les automobiles au châssis éventré. Oh, j’en ai plein le dos… »

     Il retrouva sa gaieté au « Café de Paris » devant un petit verre de cognac. Nous étions assis à la terrasse, sous un parasol blanc à larges bandes. Se mêlant aux étoiles électriques, la foule coulait sur les trottoirs. En face de nous s’arrêta une automobile étirée comme une torpille. En sortirent un Anglais, et une femme en mantelet de zibeline. Elle glissa devant nous dans un tiède nuage de fourrure et de parfum, d’une taille non humaine, avec une petite tête de porcelaine brillante. En la voyant, Biénal avança une jambe dans son pantalon fripé et lui fit un clin d’œil, comme on cligne de l’œil aux filles, Rue de la Gaîté. La femme sourit du coin de sa bouche rouge carmin, inclina sa tête imperceptiblement voilée de rose et, faisant sinuer et onduler son corps de serpent, disparut. Droit comme un « I », l’Anglais la suivit en cliquetant.

     « Ah, la canaille ! dit Biénal dans leur dos. Il y a deux ans, avec elle, un apéritif suffisait… »

     Nous nous quittâmes tard. J’avais l’intention d’aller ce samedi voir Germaine, de l’inviter au théâtre et d’aller à Chartres avec elle, si ça lui disait ; mais je dus les voir plus tôt, Biénal et son ex-amie. Le lendemain soir, la police bloqua les entrées de l’hôtel Danton, les pèlerines bleues se déployèrent dans notre vestibule.  On me laissa passer après s’être assuré que j’étais l’un des locataires de madame Truffaut, notre propriétaire. Je trouvais des gendarmes sur le seuil de ma chambre. La porte de celle de Biénal était ouverte. Il gisait sur le sol, dans une mare de sang, les yeux troubles et à demi-fermés. La marque de la mort de rue durcissait sur lui. Il avait été égorgé, mon ami Biénal, proprement égorgé. En tailleur et portant une toque aux bords affaissés, Germaine était assise près de la table. Quand nous nous saluâmes, elle inclina la tête, faisant s’incliner aussi la plume sur sa toque… 

     Tout cela s’était produit à six heures du soir, l’heure de l’amour ; dans chaque chambre se trouvait une femme. Avant de partir – à demi-dévêtues, en bas montant jusqu’aux hanches, comme des pages –, elles se repoudraient hâtivement et remaquillaient leurs lèvres avec su fard sombre. Les portes étaient ouvertes, les hommes en souliers délacés s’alignaient dans le couloir. Dans une chambre, près d’un italien tout ridé, un coureur cycliste, une fille pleurait sur l’oreiller. Je descendis prévenir madame Truffaut. La mère de la fille qui pleurait vendait des journaux boulevard Saint-Michel. Au comptoir de l’hôtel s’amassaient déjà les vieilles de notre rue, de la rue Dante : des marchandes des quatre saisons, des concierges, des vendeuses de marrons et de frites, des masses de chair goitreuse et contractée, moustachue, respirant lourdement, arborant des taies sur l’œil et des taches pourpres sur le visage.

     « Voilà qui n’est pas gai, dis-je en entrant ; quel malheur !

     C’est l’amour, monsieur… Elle l’aimait… »

     Sous la dentelle tombaient les seins lilas de madame Truffaut, qui était campée au milieu de la pièce sur ses jambes éléphantesques bien écartées, et dont les yeux étincelaient.

     « L’amore, lui fit écho la signora Rocca, qui tenait un restaurant rue Dante. Dio castiga quelli, chi non conoscono l’amore… » (L’amour. Dieu punit ceux qui ne connaissent pas l’amour…)6

     Les vieilles s’embrouillèrent, marmonnant toutes en même temps. Un feu de variole incendiait leurs joues, elles avaient les yeux exorbités.

     « L’amour, répéta madame Truffaut en me marchant sur les pieds, c’est une grosse affaire, l’amour… »

     Dans la rue se fit entendre une trompe d’automobile. Des mains adroites traînèrent le mort en bas et le mirent dans une ambulance. Ce n’était plus qu’un numéro, mon ami Biénal, il avait perdu son nom dans le ressac de Paris. La signora Rocca s’approcha de la fenêtre et vit le cadavre. Elle était enceinte, son ventre pointait de façon menaçante, de la soie couvrait ses flancs élargis, le soleil passa sur sa figure jaune et gonflée, sur ses cheveux jaunes et souples.

     « Dio, prononça la signora Rocca, tu non perdoni quello chi non ama… » (Seigneur, tu ne pardonnes pas à celui qui n’aime pas…)7

     Une brume tombait sur le lacis vétuste du Quartier latin, une foule de nains se débandaient à ses terrasses, un souffle brûlant et aillé venait des restaurants. Le crépuscule recouvrit la maison de madame Truffaut, sa façade gothique aux deux fenêtres, ses restes de tourelles et de volutes, son lierre pétrifié.

     Un siècle et demi plus tôt, Danton avait vécu ici. De sa fenêtre, il voyait le palais de la Conciergerie, les ponts gracieusement jetés au-dessus de la Seine, la rangée de masures aveugles serrées contre le fleuve, et ce même souffle lui parvenait. Chahutés par le vent, les chevrons rouillés et les enseignes des auberges grinçaient.



Notes


  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Rue_Dante_(Paris)
  2. En français dans le texte, avec la traduction en russe entre parenthèses. Les italiques, dans la suite, concerneront les passages en français. De l’italien apparaîtra vers la fin, également traduit en russe entre parenthèses dans le texte de Babel.
  3. Transcrit du français. Ce sera le cas de tous les noms propres.
  4. Rappel : nous sommes en 1927. La fermeture des maisons closes (loi Marthe Richard) date de 1946…
  5. Le canard au sang, vieille spécialité rouennaise.
  6. Je retraduis en français la traduction en russe, donnée entre parenthèses, de ce passage en italien.
  7. Il semble que l’italien trouvé chez Babel soit un peu fautif, Michel Delarche m’a signalé des corrections à faire.