dimanche 15 juillet 2018

Oblomov : chapitre VII


     Résumé du chapitre précédent : après avoir décrit les insuccès professionnel et mondain d'Oblomov, l'auteur nous a conté ses pénibles études, puis nous a exposé les tumultes de sa vie intérieure, qui ne se limitent pas au plan de réorganisation de son domaine, qu'il rumine en permanence. Voici venu le moment de s'intéresser à Zakhar, le vieux serviteur...



     Cette traduction est dédiée à mon petit-neveu Adrien, qui vient de naître de l'autre côté de l'océan.





VII

     Zakhar était dans la cinquantaine1. Il n’était déjà plus le descendant direct de ces Caleb2 russes, laquais-chevaliers sans peur et sans reproche, pétris de fidélité à leurs maîtres et pleins d’abnégation, qui se distinguaient par toutes les vertus sans avoir le moindre vice.
     Ce chevalier-là n’était ni sans peur, ni sans reproche. Il appartenait à deux époques, dont chacune l’avait marqué de son empreinte. De l’une il avait hérité un dévouement sans bornes à la maison des Oblomov, et de l’autre, plus récente, le raffinement et la dépravation des mœurs.
     Passionnément dévoué à son maître, il passait cependant rarement la journée sans lui mentir. Il arrivait au serviteur des temps anciens de freiner la prodigalité et l’intempérance du maître, mais le même Zakhar aimait boire avec ses amis aux frais de son patron ; le serviteur d’antan était chaste comme un eunuque, tandis que celui-ci ne faisait que courir après quelque douteuse commère. Celui-là gardait l’argent de son maître plus résolument qu’aucun coffre, alors que Zakhar s’efforçait de prélever dix kopecks sur chaque dépense de son maître, et ne manquait jamais de rafler la monnaie de cuivre ou la pièce de cinq kopecks traînant sur la table.  De la même manière, lorsque Ilia Ilitch oubliait de réclamer sa monnaie à Zakhar, il ne la revoyait jamais. 
     Il ne volait pas de sommes plus importantes, soit qu’il estimât ses besoins en pièces de cuivre ou de dix kopecks, soit qu’il craignît de se voir découvert, en tout cas, ce n’était pas par excès d’honnêteté. Tel un chien de chasse parfaitement dressé, l’ancien Caleb serait mort plutôt que de toucher à des provisions qu’on lui aurait donné à garder ; mais celui-ci a seulement l’œil à ce qu’il pourrait manger et boire, confié à sa garde ou non ; le seul souci du premier était que son maître se nourrisse davantage, et il se désolait de le voir sans appétit ; le second se désole quand le maître finit son assiette, sans rien laisser dessus.
     Par-dessus le marché, Zakhar aime aussi les potins. À la cuisine, au magasin, dans les assemblées sous les porches, il se plaint quotidiennement que sa vie n’en est pas une, qu’on n’a jamais vu un maître aussi mauvais : capricieux, ladre, sévère, jamais content, bref, mieux vaut la mort que la vie auprès de lui.
     Zakhar ne faisait pas cela par méchanceté, pas plus que pour nuire à son maître, mais  suivant une habitude dont il avait hérité de son père et de son grand-père – éreinter le maître à la moindre occasion.
     Parfois, par ennui, faute de sujet de conversation ou pour susciter davantage d’intérêt parmi son auditoire, il faisait courir des choses extravagantes à propos de son maître.
     — Et le mien, tenez, qui a pris l’habitude d’aller sans arrêt voir cette veuve – sifflait-il à voix basse, en confidence – , hier il lui a écrit un billet.
     Ou il déclarait que son maître était le joueur le plus enragé de la terre ; qu’il passait ses nuits à jouer aux cartes, jusqu’à l’aube, en buvant comme un trou.
     Et rien de tout cela n’était vrai : Ilia Ilitch ne fréquentait pas de veuve, il ne touchait pas aux cartes et passait ses nuits à dormir tranquillement.
     Zakhar se néglige. Il ne se rase pas souvent et, s’il se lave la figure et les mains, il fait surtout semblant, il n’utilise pas de savon. Quand il lui arrive de prendre un bain, ses mains, de noires, deviennent rouges, mais juste pour deux heures, après elles sont de nouveau noires.
     Il est très maladroit : veut-il ouvrir le portail, ou une porte ? Ouvre-t-il un vantail que l’autre se referme. Court-il à ce dernier, c’est le premier qui se referme.
     Il ne ramasse jamais du premier coup un mouchoir ou quelque autre objet tombé par terre, il lui faut toujours se baisser deux ou trois fois, comme s’il était en train de pêcher, et s’il l’attrape à la quatrième tentative, l’objet lui échappe parfois des mains.
     S’il traverse la chambre en portant une pile de vaisselle ou d’autres affaires, dès le premier pas qu’il fait, les choses du dessus commencent à faire désertion en direction du plancher. Une première chose dégringole ; il fait un brusque geste, tardif et inutile, pour la retenir, deux autres lui échappent des mains. Il regarde leur chute, bouche bée, sans surveiller celles qu’il a encore sur les bras, tenant du coup son plateau de travers, et les affaires continuent à dégringoler – si bien qu’il arrive parfois à l’autre bout de la pièce3 en ne tenant plus qu’un verre ou une assiette, qu’il lui arrive de jeter lui-même avec force jurons et malédictions.
     En traversant la chambre, il va heurter du pied ou de la hanche une table ou une chaise, il lui arrive de rater l’ouverture de la porte  et de donner de l’épaule dans le battant refermé, injuriant au passage les deux battants, ou le maître de maison, ou encore le charpentier qui les a fabriqués.
     Dans le cabinet d’Oblomov, presque tout est cassé, en morceaux, notamment les menus objets exigeant du soin – et ce, grâce à Zakhar. Il attrape tout de la même façon, sans faire la moindre distinction dans la manière de traiter les objets.
     Lui dit-on, par exemple, de moucher la chandelle ou de verser de l’eau dans un verre, il y emploiera autant de force que pour ouvrir un portail.
     À Dieu ne plaise que Zakhar s’enflamme du désir de faire plaisir à son maître et qu’il s’avise de tout ranger, de nettoyer en vitesse et de remettre en ordre l’ensemble, le tout en même temps ! Les malheurs et les dégâts, on n’en voyait plus la fin : un soldat ennemi faisant irruption dans la maison y aurait à peine causé autant de dommages. C’était le début de la casse, de la chute des objets, la vaisselle se brisait, les chaises étaient renversées ; pour finir, on devait le chasser de la chambre, ou il en sortait de lui-même, proférant jurons et malédictions.
     Heureusement, il s’enflammait très rarement d’un tel zèle.
     Tout cela venait bien sûr de son éducation et des manières apprises, non à l’étroit et dans la demi-obscurité de cabinets et de boudoirs luxueux et capricieusement décorés, où le diable sait ce que l’on peut trouver, mais à la campagne, au calme, au grand air, avec beaucoup de place4.
     Là-bas, il avait l’habitude de servir sans  nullement contraindre ses mouvements, auprès de choses massives ; il s’affairait tant et plus avec des instruments robustes et solides : pelles, pinces, poignées de porte en métal et chaises trop lourdes pour être déplacées.
     Autre chose est un bougeoir, ou une lampe, ou encore un transparent ligné ou un presse-papiers, choses qui demeurent en place trois ou quatre ans sans dommage ; en attrape-t-il une, elle est tout de suite cassée. 
     — Ah, lui arrive-t-il de dire alors avec étonnement à Oblomov, voyez comme c’est curieux, monsieur : cette petite machine, je viens de la prendre, et la voilà en morceaux !
     Ou bien il ne dit rien du tout et se hâte de remettre discrètement l’objet à sa place, après quoi il assure au maître que c’est ce dernier qui l’a cassé ; il se justifie parfois, ainsi qu’on l’a vu au début de ce récit, en alléguant que toute chose a une fin, que même un objet en fer ne saurait être éternel.
     On pouvait encore, dans les deux premiers cas, discuter avec lui, mais lorsque, pour finir, il recourait à ce dernier argument, il devenait inutile de chercher à le contredire et il restait dans son bon droit, sans appel possible. 
     Zakhar s’était tracé une fois pour toutes un cercle d’activités dont il ne sortait jamais de bon gré.
     Le matin, il allumait le samovar et nettoyait les bottes et l’habit qu’avait demandé le maître, sans toucher aux autres, même accrochés depuis dix ans dans l’armoire. Ensuite, il balayait – mais pas tous les jours – le milieu de la chambre, sans aller jusqu’aux coins, et il essuyait une table vide d’objets, pour ne rien avoir à déplacer.
     Après quoi, il s’estimait déjà en droit d’aller somnoler sur sa couchette ou d’aller tailler une bavette à la cuisine avec Anissia ou sous le porche avec d’autres domestiques, sans plus s’inquiéter de rien.
     Quand on lui ordonnait de faire quelque chose de plus, il accomplissait sa tâche à contrecœur, après avoir discuté et soutenu que ce qui était demandé était inutile ou impossible à faire.
     Il n’y avait pas moyen de lui imposer d’inclure un nouvel article dans le cercle d’activités qu’il s’était lui-même tracé.
     Si on lui donnait l’ordre de nettoyer ou de laver quelque chose, d’enlever ceci, d’apporter cela, il s’exécutait en ronchonnant suivant son habitude ; mais obtenir qu’il le refasse en permanence et de lui-même était chose impossible.
     Le lendemain comme le surlendemain et les jours suivants, il faudrait lui renouveler la consigne – ce qui amènerait de nouveau de pénibles discussions.
     En dépit de tout cela, c’est-à-dire bien que Zakhar aimât lever le coude et faire des potins, qu’il raflât les pièces de cinq et de dix kopecks d’Oblomov, qu’il cassât beaucoup de choses et qu’il fût paresseux, on devait pourtant conclure que c’était un serviteur profondément dévoué à son maître.
     Pour lui, il n’aurait pas hésité à se jeter au feu ou à l’eau, sans y voir un exploit digne d’étonnement ou méritant une récompense quelconque. Il considérait la chose comme naturelle, allant de soi, ou mieux, il ne considérait rien du tout, il réagissait de la sorte, sans raisonner.
     Il n’avait aucune théorie là-dessus. Il ne lui venait jamais à l’esprit de soumettre à examen ses sentiments envers Ilia Ilitch et ses rapports avec lui ; ce n’était pas lui qui les avait construits ; il les tenait de son père, de son grand-père, de ses frères, de la domesticité au sein de laquelle il était né et avait été élevé, et ils faisaient corps avec lui.
     Zakhar se serait fait tuer pour son maître, en tenant cela pour un devoir naturel et incontournable et même sans penser à quoi que ce soit, il serait tout simplement allé au-devant de la mort, tel un chien qui, tombant sur une bête féroce en pleine forêt, se jette dessus sans examiner si c’est bien à lui de l’attaquer, et non à son maître.
     En revanche, s’il lui avait fallu passer la nuit au chevet de son maître, sans fermer l’œil, la santé, voire la vie du maître en dépendant, Zakhar se fût immanquablement endormi.
     Extérieurement, non seulement il ne se montrait pas obséquieux envers son maître, mais il usait même avec lui d’une familiarité mêlée de grossièreté, se fâchait contre lui, et pour de bon, à propos de vétilles de toute sorte, et même, comme on l’a dit, le dénigrait sous les porches ; néanmoins, sa fidélité familiale et viscérale, non à la personne d’Ilia Ilitch en elle-même, mais à toutes les personnes portant le nom d’Oblomov, à tout ce qui s’y rattachait ou en était proche, n’en était nullement amoindrie, ce n’était qu’un voile qui la recouvrait momentanément.
    Peut-être ce sentiment entrait-il en contradiction avec le regard personnel que Zakhar portait à la personnalité d’Oblomov, peut-être l’étude du caractère de son maître inspirait-elle d’autres pensées à Zakhar. Lui eût-on montré son degré d’attachement à Ilia Ilitch, que Zakhar l’eût sans doute contesté.
     Zakhar aimait l’Oblomovka5 comme un chat aime son grenier, un cheval sa stalle, un chien le chenil qui l’a vu naître et grandir. Dans le cadre général de cet attachement, il s’était formé ses propres préférences.
     Ainsi, il aimait davantage le cocher d’Oblomov que son cuisinier, la vachère Varvara6 davantage que les deux précédents, et Ilia Ilitch moins que ces trois-là ; n’empêche que le cuisinier d’Oblomov était à ses yeux le meilleur chef du monde, et qu’Ilia Ilitch surpassait pour lui tous les autres propriétaires.
     Il ne supportait pas Taraska, le domestique chargé du buffet ; mais ce Taraska, il ne l’aurait pas échangé contre le meilleur homme sur terre, tout simplement parce Taraska faisait partie de l’Oblomovka.
     Il se montrait familier et grossier avec Oblomov, exactement comme un chaman se montre grossier et familier avec son idole : il l’époussette, et la fait tomber parfois, il peut arriver que le dépit le pousse à la frapper, mais dans son âme vit toujours le sentiment que cette idole est d’une nature supérieure à la sienne.
     Le plus petit motif éveillait ce sentiment au fond de l’âme de Zakhar, le forçant à regarder le maître avec vénération, parfois attendri au point de verser quelques larmes. Que Dieu ne lui permette pas de placer un autre maître au-dessus du sien, ni même à égalité ! Que Dieu ne permette pas qu’un autre le fasse !
     Zakhar regardait légèrement de haut les autres seigneurs et les visiteurs d’Oblomov, qu’il servait, leur apportant le thé, etc., avec quelque condescendance, comme pour leur faire sentir l’honneur que c’était pour eux de se trouver chez son maître. Il leur opposait des refus grossiers : « Le maître fait dire qu’il se repose » , disait-il avec arrogance, toisant le visiteur des pieds à la tête.
     Quelquefois, au lieu de faire des cancans et de dénigrer son maître, il se mettait soudain, dans les magasins et sous les porches, à mettre exagérément Ilia Ilitch sur un piédestal, son enthousiasme ne connaissant alors plus de bornes. Il commençait brusquement à énumérer les mérites du maître, son intelligence, sa douceur, sa générosité, sa bonté ; et s’il manquait des qualités au maître pour achever le panégyrique, Zakhar les empruntait à d’autres et lui conférait noblesse, richesse ou puissance extraordinaire.
     S’il avait besoin de faire peur au portier ou au gérant de la maison, ou même au propriétaire, il se servait toujours du nom du maître : «Attends un peu, je vais le dire au maitre, disait-il d’un ton menaçant, tu vas voir ! » Il ne pouvait soupçonner qu’il y eût sur terre d’autorité plus haute que celle de son maître.
     Mais les rapports extérieurs d’Oblomov avec Zakhar conservaient toujours une certaine animosité. Vivant l’un sur l’autre, ils s’ennuyaient l’un l’autre. La proximité étroite et quotidienne de deux êtres humains n’est neutre pour aucun des deux : il faut avoir, de part et d’autre, une grande expérience de la vie, beaucoup de logique et de cordialité, pour ne voir l’un chez l’autre que les qualités, sans être affectés par les défauts. 
     Ilia Ilitch reconnaissait à Zakhar une immense qualité : le dévouement à sa personne, auquel il s’était habitué, trouvant aussi de son côté qu’il ne pouvait et ne devait en être autrement ; s’étant une fois pour toutes fait à cette qualité, il ne s’en délectait plus et, en attendant, malgré son apathie d’ensemble, avait du mal à supporter les innombrables petits défauts de Zakhar. 
     Si Zakhar, tout en nourrissant au plus profond de lui ce dévouement envers le maître propre aux serviteurs à l’ancienne, se distinguait de ces derniers par des défauts bien contemporains, Ilia Ilitch, de son côté, tout en appréciant en son for intérieur ce dévouement, n’éprouvait plus pour son serviteur ce sentiment amical, cette bienveillance quasi familiale que nourrissaient les anciens maîtres pour leurs serviteurs. Il se permettait parfois d’avoir de sérieuses prises de bec avec Zakhar.
     Lui aussi, en était arrivé à assommer Zakhar. Ce dernier, après avoir été, dans sa jeunesse, domestique dans la propriété des maîtres, avait été promu au rang de serviteur particulier attaché à la personne du jeune Ilia Ilitch7, se considérant dès lors comme un objet de luxe, un attribut aristocratique de la maison, destiné à entretenir la plénitude et l’éclat de la famille d’ancienne souche, et pas du tout comme un objet de première nécessité. Du coup, en dehors d’habiller le jeune maître le matin et de le déshabiller le soir, il ne faisait strictement rien le reste du temps.
     Paresseux de nature, il l’était aussi en raison de son éducation de valet.  Il faisait l’important au sein de la domesticité, ne se donnant la peine ni d’allumer le samovar ni de donner un coup de balai ; il somnolait dans le vestibule ou s’en allait jacasser à l’office ou à la cuisine ; sinon, il restait des heures au portail, bras croisés, regardant de tous côtés d’un air songeur et endormi.
     Et voilà qu’après une telle existence, on lui avait mis d’un coup sur les épaules la lourde charge que représentait l’entretien d’une maison entière ! Servir le maître, balayer, nettoyer, et faire les courses, encore ! Son âme en était devenue maussade, son caractère dur et grossier ; c’est ainsi qu’il pestait toutes les fois que la voix du maître l’obligeait à quitter sa couchette.
     Pourtant, en dépit de cette morosité extérieure, Zakhar avait le cœur assez bon, plutôt doux. Il aimait même passer du temps avec les petits enfants. Dans la cour, sous le porche, on le voyait souvent avec un tas de mioches. Il les réconciliait, les taquinait, leur organisait des jeux ou restait simplement assis en leur compagnie, un marmot sur chaque genou, tandis qu’un troisième galopin lui enlaçait le cou, ou lui tirait les favoris.
     Oblomov, donc, empêchait Zakhar de vivre en réclamant à chaque instant ses services et sa présence à ses côtés, alors que son bon cœur, son naturel sociable, son penchant pour l’inaction et son éternel besoin, jamais assouvi, de mâcher quelque chose, entraînaient Zakhar, tantôt chez quelque commère, tantôt à la cuisine, ou encore dans une boutique ou sous un porche.
     Vivant ensemble depuis longtemps, ils n’avaient plus de secrets l’un pour l’autre. Zakhar avait tenu Oblomov, petit, dans ses bras, et Oblomov se souvenait du jeune gars malicieux, débrouillard et vorace qu’était Zakhar à l’époque.
     Ce lien ancien entre eux était indestructible. Tout comme Ilia Ilitch était incapable de se lever, de se coucher, de se coiffer, de se chausser ou de prendre un repas sans l’aide de Zakhar, celui-ci était incapable de s’imaginer un autre maître qu’Ilia Ilitch, ou une autre existence que celle consistant à l’habiller, le nourrir, lui dire des grossièretés, ruser dans son dos et lui mentir, et en même temps éprouver pour lui, intérieurement, de la vénération.            
                     
     



  1. Âge déjà avancé, dans la Russie de l’époque. À soixante ans, on est un vieil homme.
  2. Allusion au roman de W. Godwin, Les choses comme elles sont, ou les aventures de Caleb Williams. Voir par exemple http://wodka.over-blog.com/article-19123902.html.
    À signaler que W. Godwin est le père de Mary Shelley, l’auteure de
    Frankenstein… 
    Par ailleurs, caleb signifie aussi (comme me le signale Anne Guérin-Castell) « chien » en arabe, ce que Gontcharov n’ignore visiblement pas, lui qui insiste sur la fidélité, le dévouement de Zakhar et file à deux reprises, dans ce chapitre, la métaphore en comparant Zakhar à un  chien de chasse. Ainsi l’auteur fait-il un double clin d’œil à ses lecteurs instruits de l’époque.
  3. J’en profite pour dire un mot de cette pièce. L’appartement d’Oblomov semble contenir une entrée-vestibule (où dort Zakhar, perché en haut du large plateau supérieur du poêle), d’une cuisine mentionnée au chapitre IV, d’une salle de bains, peut-être, et surtout de la chambre d’Oblomov. Une telle chambre est une vaste pièce, pouvant faire quatre-vingt mètres carrés. On peut donc y dormir, y travailler, y manger, voire s’y débarbouiller… Le cabinet (bureau) dont il est question peut parfaitement être dans un coin de cette pièce.
  4. Incessants rappels de ce qui sera développé au chapitre IX, dans Le Songe d’Oblomov.
  5. Rappel : il s’agit du domaine familial des Oblomov. Par  extension, le terme englobe tout ce qui touche matériellement à Oblomov. 
  6. En français Barbara. Le B français est un V en russe.
  7. Tradition russe d’alors, dans les familles aisées : le diadka est un homme servant de bonne d’enfants et prenant le relais de la nounou des premiers âges. On rencontre aussi ce personnage chez Tchékhov, j’ai oublié où.





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