lundi 6 février 2023

Le village (Ivan Bounine), troisième partie

       Voici donc la dernière partie de cette âpre nouvelle. Que vont devenir les deux frères ? Nous l’ignorons, mais leur avenir ne s’annonce pas brillant. Qui étaient-ils ? Difficile à dire. L’aîné est un faux propriétaire, coincé par ses cochons noirs, regrettant de ne pas avoir eu d’enfants et tourmenté par son péché. Le cadet est un faux poète, un intellectuel raté. Tous les deux veulent échapper, sur la fin, à leur ensevelissement campagnard, revenir en ville, comme les trois sœurs de Tchékhov disaient : « À Moscou ! »…


     Dans ce sombre tableau, les femmes restent à l’arrière-plan : la femme de Tikhon Ilitch s’efface peu à peu, coupable de ne pas avoir donné d’enfant viable à son mari. Celle, demeurée hors-mariage, de Kouzma nous restera inconnue, de même que la fille à laquelle il pense rarement. Mariée à une brute et destinée à un chenapan, la Jeune est une victime émouvante, et le mariage décrit à la fin de la nouvelle a un côté déchirant.


     J’ignore à l’heure actuelle la réception critique du Village dans l’intelligentsia russe. Notamment chez les socialistes-révolutionnaires, très axés sur les campagnes.


Le texte fait encore moins de cadeau aux moujiks que la nouvelle éponyme de Tchékhov, que Tolstoï avait détestée : je me demande si ce dernier a eu le temps de lire ce texte de Bounine avant d’aller attraper la mort dans sa petite gare, comme ici le vieux moujik Ivanouchka, vadrouillant par tous les temps dans ses piètres habits…



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https://blogs.mediapart.fr/m-tessier/blog/060223/le-village-ivan-bounine-troisieme-partie





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