lundi 29 février 2016

Les critiques ( Vassili Choukchine )

Les critiques


(V. Choukchine)





Une histoire banale, dans une bourgade, pas très éloignée de Moscou, sans doute. Un homme âgé et son petit-fils (en URSS à la frontière entre Khrouchtchev et  Brejnev, soixante-treize ans est un âge certain) adorent le cinéma et se tiennent compagnie l’un à l’autre. Mais, comme souvent chez Choukchine, les différences sociales jouant, les grincements de  dents ne vont pas tarder...








Le grand-père avait soixante-treize ans, et Pierrot, son petit-fils, treize. Le grand-père était sec, nerveux et plutôt sourd. Pierrot, très autonome pour son âge et de haute taille, était à la fois timide et têtu. Ils étaient copains.
Plus que tout, ils aimaient le cinéma. La moitié de la pension du grand-père y passait. Régulièrement, à la fin du mois, ayant fait ses comptes, le grand-père déclarait, mi-triste mi-joyeux : 
- Eh bien, on a claqué cinq roubles !
Par politesse, Pierrot faisait mine de s’étonner. 
- Allez, on nous donnera quand même à manger, - ajoutait le grand-père, faisant allusion aux parents de Pierrot, dont le père était son fils. - Du reste, c’était pour la bonne cause.

Ils s’asseyaient toujours au premier rang : d’abord parce que c’était moins cher, et ensuite, pour que le grand-père entende mieux. Néanmoins, il comprenait seulement la moitié des dialogues, lisant le reste sur les lèvres des acteurs.
Il arrivait que le grand-père se mette à glousser de rire, Dieu seul savait pourquoi. Dans la salle, personne ne riait, à part lui. Pierrot lui donnait des coups de coude, lui soufflait sévèrement : 
- Qu’est-ce qui te prend ? Tu as l’air idiot...
- Et comment il a dit ça ? - demandait le grand-père.
Pierrot lui répétait à l’oreille : 
- Sans ralentir. 
- Hé hé hé ! - riait doucement le grand-père, ajoutant pour lui-même : je ne voyais pas les choses comme ça.
Parfois, lorsqu’un innocent se faisait tuer, le grand-père pleurait. 
- Ah, vous autres...- murmurait-il avec amertume, avant de se moucher bruyamment.
En général, il aimait commenter les images défilant sur l’écran. Devant un baiser passionné, par exemple, il chuchotait, avec un sourire malicieux : 
- Dis donc ! Regarde-moi ça...Hé bien !...
Lorsqu’une bagarre avait lieu, le grand-père, accroché des deux mains à son fauteuil, l’observait avec une attention soutenue - il passait pour avoir été, dans sa jeunesse, un bagarreur de première force  : 
- Mais pas comme ça...pas très fort, ça. L’autre est plus agile...
En outre, il flairait tout de suite le chiqué. 
-Ta ta ta - disait-il, offensé -  ils font semblant. 
- Tu ne vois pas le sang ? objectait Pierrot. 
- Bah, le sang...Le nez, c’est fragile : une pichenette, et le sang coule. Ça ne veut rien dire. 
- Tu exagères ! 
- Rien dire du tout.
On leur faisait : «chut !», et ils se taisaient.

La véritable discussion démarrait lorsqu’ils sortaient du ciné-club. A propos des films sur la campagne, le grand-père se montrait catégorique, brutal, même. 
- Foutaises - déclarait-il. Ce n’est pas du tout comme ça. 
- Et pourquoi donc ? 
- Alors, ce gars-là, il te plaît, à toi ? 
- Quel gars ? 
- Celui à l’accordéon. Celui qui est passé par la fenêtre. 
- Il n’est pas passé par la fenêtre  - le reprit Pierrot. il se souvenait parfaitement du film, le grand-père confondait tout, Pierrot s’en irritait. - Il s’est juste glissé sous la fenêtre, pour pousser la chansonnette. 
- Bon, si tu veux. Je me souviens, moi aussi, je m’étais glissé, un jour...
- Et alors, il ne te plaît pas ? 
- Qui ça ? 
- Comment, qui ça ? Le gars qui s’est glissé, tiens. C’est toi-même qui en as parlé. 
- Pas plus que ça - le grand-père montra le bout de son petit doigt. Un ahuri, voilà tout. Il se balade en chantant...Un ahuri comme ça, on en avait un...se baladait tout le temps en chantant. 
- Mais il est amoureux !  - Pierrot commençait à s’énerver. 
- Et alors ? 
- Voilà pourquoi il chante. 
- Hein ? 
- Voilà pourquoi il chante, je te dis ! 
- Eh bien, on se serait depuis longtemps fichu de lui ! On n’aurait pas laissé passer ça. Il est amoureux...Quand on est amoureux, on est discret. Et celui-là carillonne dans tout le village...Seule une idiote en voudra !  C’est n’importe quoi, ce gars-là. Nous, je me souviens, tiens : quand une fille te plaisait, tu contournais deux pâtés de maison pour l’éviter, par correction. Il est amoureux...Il peut l’être tant qu’il veut, mais pourquoi...
- Pourquoi quoi ? 
- Pourquoi être la risée de tout le monde ? Nous, je me souviens, tiens...
- Toujours «nous, nous» . Les temps ont changé, les gens ne sont plus comme ça ! 
- En quoi ont-ils changé, les gens ? Ils sont toujours les mêmes. Tu en as vu souvent, des idiots comme ça, ici ? 
- Bon, mais c’est du cinéma. Il ne faut pas faire de comparaisons. 
- Je ne fais pas de comparaisons, je dis que ce gars est invraisemblable, un point c’est tout - s’entêta le grand-père. 
- Tout le monde a aimé ! Les gens riaient ! Et moi aussi. 
- Tu es encore jeune, un rien t’amuse. Moi, je ne peux pas me mettre à rire pour un oui, pour un non.

Avec des adultes, le grand-père discutait rarement à propos d’art - il s’y prenait mal, s’énervait, devenait grossier.
Une fois seulement, il eut avec des adultes une bonne prise de bec, et cette unique occasion lui valut bien des ennuis.
Voici ce qui arriva.
Pierrot et lui étaient allé voir une comédie, et, à la sortie, ils commencèrent à la mettre en pièces. 
- C’est quand même vexant : ils ne font que hennir, ces diables-là (il était question des acteurs), et toi, tu te morfonds, aucun intérêt, ce n’est même pas drôle - déclara avec amertume le grand-père - Tu as trouvé ça drôle, toi ? 
- Non - reconnut Pierrot. - peut-être une fois, quand ils se renversent en voiture. 
- Et voilà ! Et nous avons payés, tout de même ! A l’ancien cours, deux roubles ! Ils se sont  fichus de nous, voilà tout. 
- Et ils ont le culot d’appeler ça une comédie. 
- Je t’en ficherai, de la comédie !
Ils rentrèrent à la maison de fort méchante humeur.
Et pendant ce temps-là, à la maison, les parents de Pierrot et leurs invités regardaient la télévision, qui donnait un film sur la campagne. Etaient venus la tante de Pierrot, soeur de sa mère, et son mari - un homme de la ville. Et tous de s’asseoir et de regarder la télévision. 
Aussi bien Pierrot que le grand-père ne supportaient pas la télévision.  
« J’étais encore célibataire, et voilà-t-y pas que le frangin Nikita se marie, alors moi, ça me plaisait bien de les lorgner dans leur chambre, par le trou de la serrure » - avait déclaré le grand-père après avoir regardé deux ou trois émissions.
Bref, les voilà tous assis, attentifs.
Pierrot partit aussitôt dans l’entrée apprendre ses leçons, et le grand-père se tint debout derrière les autres, à observer pendant cinq minutes la vaine agitation sur l’écran, puis déclara : 
- Des foutaises. Les choses ne se passent pas comme ça.
Le père de Pierrot se fâcha : 
- Tais-toi, papa, ne nous dérange pas. 
- Attendez, c’est étrange - fit le citadin d’une voix polie. - Pourquoi dites-vous, grand-père, que les choses ne se passent pas comme ça ? Et comment se passent-elles, alors ? 
- Hein ? 
- Le grand-père est un peu sourd, expliqua le père de Pierrot. 
- Je vous demandais : pourquoi les choses ne se passent pas comme ça ? Et comment se passent-elles ? - reprit à voix haute le citadin, qui jusqu'alors souriait.
Le grand-père le regarda avec commisération : 
- Voici ce qu’il y a de faux. Tu regardes leur truc, et tu crois que c’est un vrai charpentier, mais moi, je le vois tout de suite, que ce n’est pas du tout un charpentier. Ce gars-là ne sait même pas tenir correctement une hache. 
- Pierrot et lui sont nos deux critiques de cinéma - dit le père de Pierrot, pour adoucir la gêne causée par le ton dur du grand-père. 
- Etrange - répéta le citadin. - Et comment le savez-vous, qu’il ne tient pas bien sa hache ? 
- Oh, parce que j’ai été charpentier toute ma vie. Voilà d’où je le sais. 
- Grand-père, intervint la tante de Pierrot, vous êtes sûr que la question est là ?
- Et où est-elle, la question ? 
- Le plus intéressant pour moi, c’est de loin le personnage lui-même. Je le sais bien, que ce n’est pas un vrai charpentier - c’est un acteur, mais pour moi, le plus intéressant...
- C’est exactement ce qui est écrit dans « Les carnets des studios » - dit son mari, souriant de nouveau.
Ils étaient très malins, et savaient tout, hein, la tante de Pierrot et son mari. Ils souriaient, en parlant avec le grand-père. Cela mit en colère ce dernier. 
- Ce qui n’est pas important pour toi l’est pour moi - répondit-il d’un ton coupant - te duper, c’est un jeu d’enfant, mais avec moi, c’est plus difficile. 
- Ha ! ha ! ha !  - se mit à rire son mari. - Bien reçu ?
La tante de Pierrot eut un sourire malicieux, elle aussi.
Les parents de Pierrot étaient très gênés pour le grand-père. 
- Tu es vraiment difficile à satisfaire, papa - émit le père de Pierrot. - Va donc plutôt aider Pierrot. - Il se pencha vers son beau-frère, l’homme de la ville et lui expliqua à mi-voix : 
- Il aide mon fils à apprendre ses leçons, mais lui-même n’y pige rien. Ils ont de ces controverses, c’est à mourir de rire ! 
- Etrange vieillard - convint le citadin.
Ils se remirent tous à regarder le film, en oubliant le grand-père. Il restait debout derrière eux, comme couvert de crachats. Il se tint là un petit moment, puis partit rejoindre Pierrot. 
- Ils rient - lui dit-il.
- Qui ça ? 
- Eh bien...- Le grand-père montra la chambre de la tête; - Rien de rien, ils disent, il ne comprend rien, le vieux croûton. Mais eux, ils comprennent ! 
- Fais pas attention - lui conseilla Pierrot.
Le grand-père s’assit d’une fesse, silencieux. Puis il reprit : 
- En voilà un imbécile, il perd la raison...
- Quoi, ils ont dit ça ? 
- Hein ? 
- Ils t’ont appelé - imbécile ? 
- Ils restent assis avec leurs sourires ironiques. Ça, pour comprendre, ils en comprennent un rayon ! - Le grand-père peu à peu montait sur ses grands chevaux, comme disait Pierrot. 
- Fais pas attention - répéta Pierrot. 
- Ils sont venus...Des gens éduqués ! - Le grand-père se leva, farfouilla dans le coffre où il rangeait ses affaires personnelles, y prit de l’argent et sortit.
Il rentra une heure plus tard, complètement saoul. 
- Eeeeh bien ! - S’étonna Pierrot  ( le grand-père buvait rarement ). - Pourquoi as-tu fait ça ? 
- Sont toujours devant ? 
- Toujours. N’y va pas. Viens, que je te défasse un peu. Pourquoi as-tu bu ?
Le grand-père se laissa pesamment tomber sur le banc. 
- Eux, ils comprennent, et pas nous - toi et moi ! - dit-il d’une voix forte. - Le grand-père, qu’ils disent, est un imbécile ! Un imbécile qui ne comprend rien à la vie. Mais eux, ils comprennent ! Tu coûtes cher ?! - Il criait carrément. -- Si tu coûtes cher, alors baisse la tête ! Moi, j’ai trimé honnêtement toute ma vie !...Et maintenant, on me dit de rester assis et de me taire. Des gens qui n’ont jamais eu une hache entre les mains ! - Le grand-père invectivait la porte derrière laquelle les autres regardaient la télévision.
Pierrot était tout désemparé. 
- Arrête, arrête - tâchait-il de convaincre le grand-père. Viens là, que je t’enlève tes bottes. Oublie-les. 
- Une minute, je m’en vais lui dire...- Le grand-père fit mine de se lever, mais Pierrot le retenait :
- Arrête, grand-père ! 
- Colifichets des villes. - Le grand-père eut l’air de s’apaiser, il se tut.
Pierrot parvint à lui ôter une botte.
Mais le grand-père releva la tête. 
- Tu te fous de moi ? - Ses yeux étaient de nouveau blancs, brillant de colère. 
- Je n’ai qu’un mot à te dire !...- Il prit la botte et entra dans la chambre.
Pierrot ne put le retenir.
Entré dans la chambre, le grand-père fit un grand moulinet avec le bras, et envoya valdinguer la botte dans le téléviseur :
- Voilà pour vous, et vos charpentiers !
L’écran vola en mille morceaux.
Tous se levèrent d’un bond. La tante de Pierrot poussa même un glapissement. 
- Ah, vous vous foutez de moi ! - rugit le grand-père. - Et toi, tu as déjà eu une hache entre les mains ? !
Le père de Pierrot voulut prendre à bras-le-corps le grand-père, mais celui-ci ne se laissait pas faire. Les chaises s’envolaient avec fracas. Nouveau glapissement de la tante de Pierrot, qui courut dehors.
Le père de Pierrot vint tout de même à bout du grand-père, lui tordit les mains derrière le dos et se mit à le ligoter avec une serviette. 
- Tu me rends service, père - disait-il avec colère, en attachant fortement les mains du grand-père. - Je te remercie.
Pierrot était mortellement inquiet, qui regardait la scène, les yeux écarquillés.L’homme de la ville s’était écarté et, de temps à autre, hochait la tête.
La mère de Pierrot se mit à ramasser les éclats de verre. 
- Tu me rends service...- répétait le père de Pierrot, avec un rictus.
Le grand-père gisait par terre, le visage contre le plancher, sa barbe frottant contre une planche peinte, et continuait de crier :
- Tu te fous de moi, mais je n’ai qu’un mot à te dire, pour te faire taire. Si je suis un imbécile, comme tu dis...
- Est-ce qu’on a dit ça ? - demanda l’homme de la ville.
- Ne discutez pas avec lui - dit la mère de Pierrot; - Le voilà complètement sourd, l’effronté.
- Vous ne voulez pas de moi à votre table - très bien ! Mais tu me...C’est - d’accord, d’accord ! - criait le grand-père. - mais dis-moi donc : tu as déjà coupé un arbre, dans ta vie ? Aaah !...Et tu viens me dire que je n’y connais rien, au sujet des charpentiers ! J’ai construit de mes mains la moitié de ce village !...
- Tu me rends service, et toi, puisses-tu avoir des crampes - répétait le père de Pierrot. 
- C’est à ce moment que firent leur entrée la tante de Pierrot suivie d’un agent de police, un gars du coin, Ermolaï Kibiakov.
- Oh-ho ! - s’écria Ermolaï, avec un large sourire. - Tu peux m’expliquer, père Timothée ? Mmmh ?
- Tu me rends service, un vrai plaisir - dit encore le père de Pierrot en se relevant.
L’agent de police toussota, pas très emballé, se frotta un peu le menton avec la paume de la main et regarda le père de Pierrot. Celui-ci fit de la tête un signe affirmatif et déclara :
- C’est nécessaire. Qu’il y passe la nuit.
Ermolaï enleva sa casquette, l’accrocha soigneusement à un clou de tapisserie, sortit de sa sacoche une feuille de papier et un crayon, et s’assit devant la table.
Le grand-père se tut.
Le père de Pierrot se mit à relater ce qui s’était passé. Ermolaï aplatit, de sa paume mate et calleuse, les rares cheveux sur sa grosse tête, toussota et se mit à écrire, la poitrine appuyée sur la table et la tête penchée sur la gauche.
« Le citoyen Novoskoltsev, Timothée Makarytch, né en mille...»
- Il est né en quelle année ?
- En quatre-vingt-dix.
«...Mille quatre-vingt-dix, antérieurement charpentier, aujourd’hui retraité. Pas de signe particulier. Le susdit Timothée est, le vingt-cinq septembre de cette année, rentré à la maison dans un état d’alcool avancé. La famille regardait à ce moment-là l’appareil de télévision, avec des invités...»
- Comment s’appelait le film ?
- Je ne sais pas. Nous l’avons pris en cours de route - expliqua le père de Pierrot. - Une histoire de kolkhoze. «...Les intéressés ne se souviennent pas du titre du film, seulement que c’était une histoire de kolkhoze. 
Le susdit Timothée s’est mis aussi à regarder l’appareil. Ensuite, il a déclaré : « De tels charpentiers n’existent pas » . Tous ont demandé au susdit Timothée de s’expliquer. Mais il a continué à s’exciter. Il a redit que de tels charpentiers n’existaient pas, que c’était, a-t-il déclaré, «des bobards». Que ça n’était pas du tout des mains de charpentiers, ça ». Et il leur a fourré ses mains sous le nez. On lui a encore une fois demandé de s’expliquer. Alors, le susdit Timothée a enlevé sa botte droite ( en vachette, pointure 43-45 ) et en a donné un coup sur le téléviseur. Détruisant par là-même tout ce qu’il y avait en temps ordinaire à cet endroit.
Signé : Sergent-chef de police KIBIAKOV » .
Ermolaï se leva, replia en deux le procès-verbal, qu’il rangea dans la sacoche.
- On y va, père Timothée !
Ce qui se passait restait obscur pour Pierrot. Mais, quand il vit son père et Kibiakov faire se relever le grand-père, il comprit qu’on l’emmenait en cellule. Il éclata en sanglots et courut le défendre :
- Où l’emmenez-vous ? Grand-père, où est-ce qu’ils t’emmènent !...Papa, non, ne le laisse pas faire...
Son père écarta Pierrot, et Kibiakov se mit à rire :
- Tu as pitié du grand-père ? Je l’emmène tout de suite en prison. Touuut de suite...
Pierrot pleurait de plus en plus fort.
Sa mère le prit à part pour le convaincre :
- Il ne va rien lui arriver, pourquoi pleurer ? Il va y passer la nuit, et puis revenir. Et demain, il aura honte. Ne pleure pas, fiston.
On remit ses bottes au grand-père, qu’on fit sortir de l’isba. Pierrot sanglotait toujours. La tante de la ville s’approcha de lui pour le raisonner à son tour :
- Qu’as-tu donc, petit Pierrot ? Ils vont juste le mettre en cellule de dégrisement ! Il rentrera bientôt.  Chez nous, à Moscou, si tu savais combien de gens s’y retrouvent, en cellule de dégrisement !
Pierrot se souvint que c’était elle, la tante, qui était allée chercher l’agent de police, il l’écarta sans ménagement, grimpa sur le poêle et, la tête enfoncée dans l’oreiller, pleura encore longtemps, et amèrement.


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