dimanche 20 mai 2018

Un poème de Serge Essénine


Traduction dédiée à Tricia Natho, blogueuse sur Mediapart





Le bosquet d’or ne parle plus
Le gai langage des bouleaux,
Et les grues au vol triste, les grues
Ne regrettent plus personne.

Qui regretter ? En ce monde, chacun erre,
Il va et vient, quitte de nouveau le logis.
À tous ceux qui sont partis rêve la chènevière
En compagnie d’une large lune au-dessus de l’étang bleui.

Je reste seul au milieu de la plaine désolée,
Et le vent chasse les grues au loin,
Je repense à la jeunesse et sa gaieté,
Mais du passé je ne regrette rien.

Je ne regrette pas les années gaspillées,
Ni le lilas bleuissant mon âme.
Il a beau rougeoyer au jardin, le sorbier,
Il ne peut réchauffer personne.

Les grappes du sorbier ne vont pas noircir,
L’herbe ne meurt pas de jaunir.
Comme l’arbre perd ses feuilles à bas bruit,
Je laisse échapper mes paroles tristes.

Et si le temps, par le vent balayé,
Les rassemble en un tas inutile…
Dites-vous… que le bosquet doré
Ne tient plus son doux babil.




Serge Essénine, 1924





(D’après une première traduction de Nikita Struve)

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