mercredi 27 janvier 2021

Le Veau d'or, chapitre 32

 De grandes possibilités



     Par une de ces journées d’automne tristes et pleines de lumière où, dans les squares moscovites, les jardiniers coupent les fleurs et les distribuent aux enfants, le plus important des fils du lieutenant Schmidt, Choura Balaganov, dormait sur un banc dans la salle d’attente de la gare de Riazan. Il était allongé, la tête reposant sur le rebord en bois du banc. Sa casquette chiffonnée lui tombait sur le nez. Tout indiquait que le mécanicien de bord de l’« Antilope » et Délégué général aux sabots était malheureux et dans la dèche. Des morceaux de coquille d’œuf adhéraient à sa joue hérissée de barbe. Ses espadrilles de toile étaient avachies et décolorées et évoquaient des chaussons moldaves plus qu’autre chose. Des hirondelles voletaient sous le haut plafond de la salle à deux rangées de fenêtres.


     Derrière ces grandes fenêtres sales, on apercevait les butoirs d’arrêt, les sémaphores et les autres objets indispensables à l’économie ferroviaire. Les porteurs se mirent à courir et, peu après, la foule des voyageurs descendus du train qui venait d’arriver traversa la salle. Le dernier à quitter le quai fut un passager bien habillé. Sous son léger imperméable  déboutonné se voyait un costume à minuscules carreaux de toutes les couleurs. Son pantalon tombait comme une chute d’eau sur ses chaussures vernies. Un chapeau mou légèrement penché sur le front venait compléter l’allure étrangère du voyageur. Il dédaigna les services des porteurs et se chargea lui-même de son bagage. Il traversa nonchalamment la salle déserte et se serait à coup sûr retrouvé dans le hall s’il n’avait pas brusquement remarqué la pitoyable silhouette de Balaganov. Il cligna des yeux, s’approcha et observa quelque temps le dormeur. Puis il souleva doucement, de deux doigts gantés, la casquette cachant le visage du mécanicien de bord et sourit.


     — Allez, debout, Comte, on vous demande du souterrain ! dit-il en secouant Balaganov.


     Choura s’assit, se frotta la figure de sa main et reconnut alors le voyageur.


     — Le Capitaine ! s’écria-t-il.


     — Non, non, fit Bender en se protégeant de la main, ne m’embrassez pas. Je suis quelqu’un de fier, à présent. 


     Balaganov se mit à tourner autour du capitaine. Il ne le reconnaissait pas. Il n’y avait pas que le costume qui avait changé. Ostap avait maigri, ses yeux étaient un peu absents, son visage portait un hâle colonial.


     — Il s’y croit, il s’y croit ! s’exclama gaiement Balaganov. Il s’y croit vraiment !


     — Oui, je m’y crois, fit savoir Bender avec dignité. Regardez un peu mon pantalon. Europe, première classe ! Et vous avez vu ça ? Le diamant à mon annulaire gauche. Quatre carats. Alors, qu’est-ce que vous avez fait de beau ? Toujours fils du lieutenant ?


     — Ben oui, fit Balaganov, embarrassé. Des bricoles, le plus souvent.


     Au buffet de la gare, Ostap commanda du vin blanc et des biscuits pour lui, de la bière et des sandwiches pour le mécanicien de bord.


     — Dites-moi honnêtement, Choura, en tenant compte de tout, combien d’argent vous faut-il pour être heureux ? demanda Ostap. 


     — Cent roubles, dit Balaganov se séparant avec regret de son sandwich au saucisson pour répondre.


     — Mais non, vous ne m’avez pas compris.  Je ne parle pas de tout de suite, je veux dire, en général. Pour être heureux. Vous pigez ? Pour vous sentir bien sur terre.


     Balaganov réfléchit un bon moment avec un sourire peu assuré, et finit par déclarer que pour être pleinement heureux, il lui fallait six mille quatre cents roubles, et qu’avec cette somme il se sentirait parfaitement bien sur terre.


     — D’accord, dit Ostap. Voici cinquante mille pour vous.


     Il déboucla sur ses genoux son sac de voyage de forme carrée et tendit à Balaganov cinq liasses blanches nouées avec de la ficelle. Le mécanicien de bord en perdit l’appétit. Il cessa de manger et fourra l’argent dans ses poches, sans en retirer ses mains ensuite.


     — Est-ce possible, c’est la soucoupe ? demanda-t-il, en extase.


     — C’est cela, la soucoupe, répondit Ostap d’un air indifférent. Celle avec le liseré bleu. Notre client l’a apportée en la tenant entre ses dents. Il a longtemps frétillé de la queue, en attendant que j’accepte de la prendre. Je commande la parade, à présent ! Je me sens en pleine forme.


     Il prononça ces derniers mots sans conviction.


     Pour dire la vérité, la parade était un échec et le Grand Combinateur mentait en affirmant qu’il se sentait en pleine forme. Il eût été plus juste de dire qu’il ressentait quelque inconfort, ce qu’il refusait cependant de s’avouer.


     Un mois s’était écoulé depuis qu’Alexandre Ivanovitch et lui s’étaient séparés devant la consigne des bagages à main, où le millionnaire clandestin venait de déposer sa valise. 


     À l’hôtel de la première ville où il fit son entrée en conquérant, Ostap ne put obtenir de chambre.


     — Votre prix sera le mien, dit avec hauteur le Grand Combinateur.


     — C’est peine perdue, citoyen, répondit l’employé à la réception. Le congrès des pédologues est venu au grand complet étudier une station expérimentale. Tout a été réservé pour les représentants de la science.


     Le visage courtois du réceptionniste exprimait du respect pour le congrès. Ostap eut envie de s’écrier qu’il passait avant, que c’était pour lui qu’il fallait avoir des égards, qu’il avait un million dans son sac, mais il jugea préférable de s’en abstenir et ressortit dans un état d’extrême irritation.


     Il se balada en fiacre tout la journée à travers la ville. Dans le meilleur restaurant, il se morfondit une heure et demie à attendre que les pédologues, venus au grand complet, se lèvent de table. Au théâtre ce jour-là, le spectacle était destiné aux pédologues et les simples citoyens ne pouvaient obtenir de billet. Par ailleurs, on n’eût pas laissé Ostap entrer dans la salle avec un sac et il ne pouvait le fourrer nulle part. Afin de ne pas passer la nuit dans la rue dans l’intérêt de la science, le millionnaire partit le soir même et dormit d’un sommeil réparateur dans un wagon-lit.


     Au matin, Bender descendit du train dans une grande ville sur la Volga. Les feuilles jaunes et transparentes tombaient des arbres en tournoyant comme des hélices. Le vent soufflait de la Volga. Il n’y avait de chambre libre dans aucun hôtel.


     « Pas avant un mois, disaient d’un ton dubitatif les gérants d’hôtels, les barbus comme les imberbes, les moustachus comme les glabres, il n’y a rien à attendre tant que la troisième installation n’est pas achevée à la centrale électrique. Tout est réservé au nom des spécialistes. Et après, il y a le congrès régional du Komsomol. Il n’y a rien que nous puissions faire. »


     Tandis que le Grand Combinateur moisissait devant les hauts comptoirs des réceptions, dans les escaliers des mêmes hôtels se hâtaient les ingénieurs, les techniciens, les spécialistes étrangers et les komsomols délégués au congrès.


     Et Ostap passa de nouveau la journée entière en fiacre, attendant avec impatience le train dans lequel il pourrait se laver, se reposer et lire le journal.


     Le Grand Combinateur passa quinze nuits dans différents trains, allant de ville en ville sans trouver de chambre d’hôtel. Là, on construisait un haut-fourneau, dans un autre endroit une usine frigorifique, ailleurs encore une fabrique de zinc. Tout était archi-bondé de gens très occupés. En un quatrième lieu, un rassemblement de pionniers vint couper la route d’Ostap, et la chambre où le millionnaire aurait pu passer une soirée distrayante en agréable compagnie était remplie du raffut que faisaient les gamins. Il se fit à cette vie errante, acheta une valise pour y mettre son million, des affaires pour voyager, enfin il s’équipa. Ostap ruminait déjà un long voyage tranquille jusqu’à Vladivostok et calculait que l’aller-retour occuperait trois semaines, lorsqu’il sentit brusquement que s’il ne mettait pas aussitôt le pied à terre, il allait succomber à quelque mystérieuse infection ferroviaire. Et il fit ce qu’il faisait toujours du temps où il était l’heureux possesseur de poches vides. Il se mit à se faire passer pour un autre, télégraphiant pour annoncer l’arrivée d’un ingénieur, ou bien d’un médecin du service sanitaire, ou encore un ténor, un écrivain. Il fut surpris de constater que des chambres d’hôtel se libéraient toujours pour les gens ayant une activité officielle, et Ostap se remit un peu après les cahots du train. Il dut même une fois, afin d’obtenir une chambre, se faire passer pour le fils du lieutenant Schmidt. Après cet épisode, le Grand Combinateur se livra à des réflexions sans joie.


     « Voilà donc la route d’un millionnaire ? se disait-il, affligé. Où est le respect ? Où est la considération ? Où sont la gloire et le pouvoir ?


     Même l’ensemble « Europe première classe » – le costume, les chaussures et le chapeau –  dont Ostap s’était vanté devant Balaganov provenait d’un magasin d’occasions et, au-delà de son excellente qualité, avait le défaut de ne pas être vraiment le sien, d’être de seconde main. Quelqu’un l’avait déjà porté, peut-être seulement une heure, voire une minute, n’empêche qu’un autre que lui l’avait porté. Il trouvait aussi vexant le fait que le gouvernement ne fît nullement attention à la situation difficile des millionnaires et dispensât ses bienfaits en suivant un plan précis. Tout marchait mal, en fait. Le chef de gare ne portait pas la main à sa visière, ce qu’il aurait fait autrefois devant le premier marchand venu disposant d’un petit capital de cinquante mille roubles, les notables de la ville ne venaient pas à son hôtel se présenter, la presse ne se bousculait pas pour obtenir un entretien et, au lieu de publier des photos de millionnaires, imprimait les portraits de vulgaires travailleurs de choc gagnant cent vingt roubles par mois.


     Ostap recomptait chaque jour son million, qui restait toujours un million, à des broutilles près. Il faisait un maximum d’efforts, déjeunait plusieurs fois par jour, buvait des vins coûteux, donnait des pourboires extravagants, il acheta une bague, un vase japonais et une pelisse de putois. N’aimant pas s’encombrer, en voyage, d’un tas d’affaires, Ostap dut faire cadeau de la pelisse et du vase à un garçon d’hôtel. Et puis, en cas de besoin, il avait de quoi s’acheter encore une quantité de manteaux de fourrure et de vases. En un mois, cependant, il avait seulement dépensé six mille roubles.


     Non, décidément, la parade n’était pas une réussite, bien que tout fût en place. Les militaires d’ordonnancement avaient été envoyés assez tôt, les troupes étaient arrivées dans les temps, l’orchestre jouait. Mais les régiments ne le regardaient pas, ne criaient pas « hourra » dans sa direction, le chef d’orchestre n’agitait pas les mains pour lui. Cependant, Ostap n’abandonnait pas. Il comptait fermement sur Moscou.


     — Et Rio de Janeiro ? demanda Balaganov avec excitation. On y va ?


     — Qu’il aille au diable ! dit Ostap avec une rage soudaine. Ce ne sont que des inventions, il n’y a pas de Rio de Janeiro, il n’y a pas d’Amérique, pas d’Europe, rien. En fait, la dernière ville, c’est Chépétovka, où viennent battre les vagues de l’océan Atlantique.


     — En voilà une histoire ! soupira Balaganov.


     — Un docteur m’a tout expliqué, poursuivit Ostap. L’étranger, c’est le mythe de la vie après la tombe. Celui qui y va n’en revient pas.


     — Un vrai cirque ! s’exclama Balaganov, qui n’avait rien compris. Ah, quelle vie je vais pouvoir mener à présent ! Pauvre Panikovski ! Bien sûr, il avait violé la convention, mais on lui pardonne ! Qu’est-ce qu’il aurait été content, le vieux !


     — Je propose d’honorer la mémoire du défunt, dit Bender.


     Les frères de lait se levèrent et observèrent une minute de silence, les yeux baissés, regardant les biscuits en morceaux et le reste du sandwich.


     Balaganov rompit le premier ce pénible silence.


     — Vous êtes au courant, pour Kozlewicz ? dit-il. Un vrai cirque ! Il a quand même remonté l’« Antilope » et travaille à Tchernomorsk. Il m’a écrit. Tenez…


     Le mécanicien de bord tira une lettre de sa casquette.


     « Bonjour, Choura, écrivait le chauffeur de l’« Antilope », que devenez-vous ? Toujours fils du l. S. ? Moi ça va, seul l’argent manque, et la voiture est capricieuse depuis qu’elle a été refaite, elle roule seulement une heure par jour. Je passe mon temps à la réparer, ça m’épuise complètement. Les clients ne sont pas contents. Pourriez-vous m’envoyer, mon cher Choura, une durite d’huile, même d’occasion. ici, au marché, il n’y a pas moyen d’en trouver une. Cherchez-en une au marché de Smolensk, du côté des vieux cadenas et des anciennes clefs. Et si ça ne va pas fort de votre côté, venez me rejoindre, on essaiera de s’en tirer. Je suis garé au coin de la rue Mehring, à la station de taxis. Où est maintenant O. B. ? Respectueusement vôtre, Adam Kozlewicz. J’oubliais. Les prêtres sont venus me voir à la station de taxis, Kuszakowski et Moroszek. Ça a fait un scandale. A. K. »


     — Je cours chercher la durite, dit Balaganov, soucieux.


     — Inutile, répondit Ostap. Je vais lui acheter une nouvelle voiture. Allons au « Grand-Hôtel », j’ai envoyé un télégramme pour y réserver une chambre au nom d’un chef d’orchestre symphonique. Et vous devez vous faire beau, vous laver, vous remettre complètement sur pied. De grandes possibilités s’ouvrent à vous, Choura.


     Ils sortirent place du Beffroi. Il n’y avait pas de taxi. Ostap refusa le fiacre.


     « C’est le carrosse du passé, fit-il d’un air dégoûté, il ne mènerait pas loin. En outre, de petites souris y vivent dans la doublure des sièges. »


     Ils durent prendre le tramway. Le wagon était bourré. C’était l’une de ces voitures infectées par la querelle comme il en circule souvent dans la capitale. Une petite vieille vindicative commence à y semer la zizanie aux heures d’affluence du matin, quand on se bouscule pour aller au travail. Tous les passagers du wagon entrent peu à peu dans la danse, même ceux qui sont montés une demi-heure après le début de l’incident. La méchante vieille est  depuis longtemps descendue, on a complètement oublié l’origine de la dispute, mais les cris se poursuivent et l’on continue à s’insulter, les nouveaux passagers se mêlant à l’altercation.. Les invectives, dans un tel wagon, se poursuivront jusque tard dans la nuit.


     Les passagers surexcités eurent tôt fait de séparer Balaganov d’Ostap, et les frères de lait se retrouvèrent bientôt ballotés aux extrémités opposées du wagon, pressés par les poitrines et les paniers. Accroché à une courroie, Ostap devait sans cesse arracher sa valise au courant qui l’emportait.


     Soudain, couvrant le tout-venant des invectives, un cri de femme se fit entendre dans le coin où oscillait Balaganov :


     « Au voleur ! Attrapez-le ! C’est lui, là ! »


     Toutes les têtes se tournèrent. Haletant de curiosité, les amateurs commencèrent à se frayer un passage vers le lieu de l’incident. Ostap aperçut le visage ahuri de Balaganov. Le mécanicien de bord ne comprenait pas lui-même ce qui venait d’arriver, mais on lui tenait le bras au bout duquel sa main serrait un sac de dame à quatre sous avec une pauvre petite chaîne en bronze. 


     « Bandit ! criait la femme. Il a suffi que je je regarde ailleurs, et lui… »


     Celui qui possédait cinquante mille roubles avait essayé de voler un sac contenant un poudrier en écaille, une carte syndicale et un rouble soixante-dix kopecks d’argent liquide. La voiture s’arrêta. Les amateurs traînèrent Balaganov vers la sortie.  En passant devant Ostap, Choura chuchota tristement :


     « Je ne comprends pas. C’était machinal. »


     — Je vais t’en faire voir, du machinal ! dit un amateur portant un pince-nez et une serviette, en frappant avec jouissance le mécanicien de bord sur la nuque.


     Ostap vit par la fenêtre un milicien s’approcher rapidement du groupe de gens et emmener le délinquant sur la chaussée.


     Le Grand Combinateur détourna le regard.              


  

   







Notice synthétique



     Le plus important des fils du lieutenant Schmidt : revoir le chapitre 2…

https://blogs.mediapart.fr/m-tessier/blog/250820/le-veau-dor-ilf-et-petrov-chapitre-2


     Rappel : la gare de Riazan est désormais la gare de Kazan.


     Il y a deux allusions littéraires dans la façon dont Bender s’adresse à Balaganov pour le réveiller : la première renvoie au comte de Saint-Simon, pas le mémorialiste mais le socialiste utopique, connu en Russie soviétique, et que son valet de chambre réveillait tous les matins en lui disant : « Levez-vous, Monsieur le Comte ; vous avez de grandes choses à faire. » La deuxième renvoie au titre que s’était décerné Ostap au début de l’aventure, au chapitre 3, et que j’ai traduit par « capitaine », par commodité, mais le terme russe renvoie en fait à « commandeur », ce qui permet de penser ici au mythe de Don Juan (d’après une note d’A. Préchac).

https://blogs.mediapart.fr/m-tessier/blog/020920/le-veau-dor-ilf-et-petrov-chapitre-3



     La fameuse soucoupe, c’est la « soucoupe à liseré bleu » dont il fut question au chapitre 2 :

https://blogs.mediapart.fr/m-tessier/blog/250820/le-veau-dor-ilf-et-petrov-chapitre-2


     La parade, Ostap a affirmé qu’il la commanderai tout au long de la première partie. C’est aussi le titre du chapitre 22 :

https://blogs.mediapart.fr/m-tessier/blog/081220/le-veau-dor-ilf-et-petrov-chapitre-22


     Sur les mésaventures hôtelières d’Ostap : I. Chtcheglov rappelle qu’il était impossible de trouver une chambre d’hôtel dans l’URSS de 1930, à moins d’être en mission ou d’être étranger. A. Préchac fait observer que c’était à peine plus facile cinquante ans plus tard, malgré la construction d’un grand nombre d’hôtels. Il explique ce phénomène par le déplacement incessant des cadres d’industrie pour obtenir eux-mêmes ce dont leur entreprise avait besoin – souvenons de Polykhaïev, sans lequel rien ne peut se faire, revoir notamment le chapitre 18 :

https://blogs.mediapart.fr/m-tessier/blog/241120/le-veau-dor-ilf-et-petrov-chapitre-18


     Rappel : le Komsomol est l’organisation de la jeunesse communiste.


     Chépétovka (ou Chepetitvka) est en Ukraine occidentale. C’était une ville à forte population juive. Comme le rappelle A. Préchac, les auteurs aimaient citer des noms d’Ukraine ou de Russie du Sud. On a déjà supposé Bender juif. Ce nom de ville y refait penser, même si le prénom du héros, Ostap, est ukrainien : l’un des fils de Tarass Boulba le porte… 

     La mention de l’Atlantique n’est pas si fantaisiste qu’il y paraît au premier abord : étymologiquement, Ukraine signifie « ce qui est au bout, à l’extrémité ». À l’époque où Ilf et Petrov écrivent, c’est « le bout du monde » – je reprends l’expression d’A. Préchac – parce que l’URSS a été entièrement cadenassée. Les propos d’Ostap sont subversifs au plus haut point. Mais on a tellement pris l’habitude de le voir utiliser les métaphores les plus étranges qu’on n’y pense plus. Balaganov n’y comprend rien, mais la censure non plus… Comme le rappelle A. Préchac, les Russes qui le pouvaient voyageaient tant qu’ils le voulaient, à l’époque tsariste.


     Rappel : les « frères de lait » sont tous fils du lieutenant Schmidt. Voir le chapitre 2, dont le lien est donné au-dessus, et même le chapitre 1 :

https://blogs.mediapart.fr/m-tessier/blog/200820/le-veau-dor-ilf-et-petrov


     Le marché de Smolensk (à prononcer Smaliensk) : 

https://fr.wikipedia.org/wiki/March%C3%A9_de_Smolensk


     Ivan Chtcheglov signale que le « il ne mènerait pas loin » renvoie de façon bouffonne à l’acte IV des Bas-Fonds de Gorki.

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