dimanche 18 mars 2018

Un court poème de la fin de l'année 1921







Au fond de l’enfer

(Maximilian Volochine1)


À la mémoire d’A. Blok2 et de N. Goumiliov3







De jour en jour plus âpre et plus épaisse
Se fige une nuit mortelle.
Un vent fétide souffle les vies comme des cierges. 
Inutile de crier à l’aide, vainement tu appelles.
Noire est, pour le poète russe, la fatalité :
Un sort incompréhensible amène
Pouchkine devant la bouche du pistolet,
Et Dostoïevski à l’échafaud.
Peut-être qu’un tel sort est mon lot,
Triste Russie-tueuse d’enfants,
Et que je vais périr dans tes caves,
Ou vais-je glisser dans une mare de sang,
Mais je n’abandonnerai pas ton Golgotha,
Je ne renierai pas tes tombes.
La faim ou la haine auront raison de moi,
Mais je ne choisirai pas d’autre destin :
S’il faut mourir, que ce soit avec toi,
Et, comme Lazare, sortir avec toi de la tombe.


Novembre 1921, Thédosie, à l’hôpital.




  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Maximilian_Volochine
  2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Blok
  3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Nikola%C3%AF_Goumilev








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