mardi 10 juin 2025

Premier amour (Isaac Babel)

     Deuxième récit évoquant l’enfance de Babel, ce texte est la suite du premier,, Histoire de mon pigeonnier.






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     À l’âge de dix ans, je fus amoureux d’une femme s’appelant Galina Apollonovna1. Son nom de famille était Roubtsov. son mari, un officier, était parti à la guerre avec le Japon2, et revint en octobre 1905. Il ramena une quantité de malles avec lui. Elles contenaient des chinoiseries : des paravents, des armes de grand prix, le tout pesant près de cinq cents kilos3. Kouzma4 nous disait que Roubtsov avait acheté ces affaires avec l’argent qu’il avait gagné pendant la guerre, comme officier du génie dans l’armée de Mandchourie. Kouzma n’était pas le seul à le dire. Les Roubtsov étant heureux, il était difficile aux gens de ne pas ragoter à leur sujet. Leur maison était contiguë à notre propriété, leur véranda empiétait sur notre terrain, mais mon père ne se querellait pas pour autant avec eux. Le vieux Roubtsov, inspecteur des impôts, passait dans notre ville pour un homme, et il frayait avec les Juifs5. Et lorsque son fils, l’officier, était revenu de la guerre, nous vîmes tous comme ils vivaient en bonne entente  et étaient heureux. Galina Apollonovna tenait à longueur de journée son mari par la main. N’ayant pas vu son mari pendant dix-huit mois, elle ne le quittait pas des yeux, mais son regard me consternait, je me détournais en frémissant. je voyais en eux la vie merveilleuse et honteuse que mènent tous les gens sur terre, et je voulais m’endormir d’un sommeil extrême, pour oublier cette vie qui dépassait les rêves. Galina Apollonovna déambulait parfois dans une pièce avec sa natte défaite, en souliers rouges et en peignoir de Chine. Sous les dentelles de son chemisier largement échancré, on voyait le creux entre ses seins et la naissance de sa poitrine blanche, gonflée et  comprimée vers le bas, et, sur son peignoir, il y avait, brodés en fil de soie rose, des dragons, des oiseaux et des arbres creux.

     Elle se baladait toute la journée, un vague sourire s’affichant sur ses lèvres humides, et se cognait aux malles non défaites, aux espaliers de gymnastique jonchant le sol. Galina se retrouvait avec des écorchures, elle relevait son peignoir au-dessus du genou et disait à son mari :

     « Embrasse mon bobo… »

     Et l’officier, pliant ses longues jambes revêtues d’une culotte de dragon et chaussées de bottes à éperons en cuir mégissé, s’agenouillait sur le plancher sale et, en souriant, se traînait sur les genoux et venait embrasser sur l’endroit meurtri, cet endroit où la jarretière faisait un renflement potelé. De ma fenêtre, je voyais ces baisers. Ils me faisaient souffrir, mais cela ne vaut pas la peine d’en parler, vu que l’amour et la jalousie des garçons de dix ans sont en tout point semblables à l’amour et à la jalousie des hommes adultes. Deux semaines durant, je ne m’approchai pas de la fenêtre et évitai Galina, avant qu’un évènement ne vînt nous lier, elle et moi. Cet évènement, ce fut le massacre des Juifs, le pogrome6 qui éclata en 1905 à Nikolaïev et dans d’autres villes de la zone de résidence7. Une foule de tueurs à gages mit à sac la boutique de mon père et massacra mon grand-oncle Schoïl. Tout cela se passa en mon absence, ce matin-là j’étais en train d’acheter des pigeons au marchand Ivan Nikodimytch. Cela faisait cinq ans que je désirais de toutes mes forces des pigeons, j’en rêvais, et voilà, alors que je les avais achetés, l’infirme Makarenko les avait écrasés sur ma tempe. Kouzma m’avait alors emmené chez les Roubtsov. Une croix était dessinée à la craie sur leur portillon, on ne les avait pas molestés, et ils avaient cachés chez eux mes parents. Kouzma me conduisit à la véranda. Ma mère s’y trouvait, portant une rotonde8 verte, et avec elle, Galina.

     « Nous devons nous débarbouiller, petit rabbin, me dit Galina. Nous avons plein de plumes sur la figure, et elles sont pleines de sang… »

     Elle m’enlaça les épaules et me mena dans un couloir où flottait une forte odeur. Ma tête reposait sur la hanche de Galina, et sa hanche remuait et respirait. Nous arrivâmes à la cuisine, et madame Roubtsov me mit sous le robinet. Une oie rôtissait dans le fourneau d’un poêle en faïence, une batterie de cuisine flamboyante pendait aux murs, et à côté des ustensiles, dans le coin réservé à la cuisinière9, était accroché le tsar Nicolas, décoré de fleurs en papier. Galina débarrassa ma figure des derniers restes de pigeon collés à mes joues.

     « Tu vas être comme un fiancé, mon mignon », dit-elle. Ses lèvres pleines se posèrent sur les miennes, et elle se détourna.

     « Tu sais, chuchota-t-elle soudain, ton papa a des ennuis, il n’a fait que  marcher toute la journée dans les rues sans rien faire, dis-lui de rentrer, à ton papa »

     Et je vis par la fenêtre la rue déserte surplombée par le ciel immense, et mon rouquin de père marchant sur la chaussée. Il allait tête nue, ses légers cheveux roux se soulevant, son plastron en carton déplacé sur le côté et boutonné de travers. Vlassov, un ouvrier maigre en guenilles de soldat ouatinées, ne quittait pas mon père d’une semelle.

     « C’est ça, disait-il d’une voix rauque cordiale en touchant amicalement mon père de ses deux mains, nous n’avons pas besoin de la liberté pour que les youpins puissent librement faire des affaires… Donne la lumière de la vie au travailleur pour ses peines, pour cette effrayante immensité… Fais-lui cette aumône, mon ami, tu m’entends, donne-la-lui… »

     L’ouvrier implorait mon père à propos de quelque chose et le touchait, les périodes d’inspiration clairement due à l’ébriété alternant sur son visage avec des phases d’abattement et de somnolence.

     « Notre vie doit ressembler aux molokanes10, bredouillait-il en titubant sur ses jambes qui fléchissaient, c’est aux molokanes qu’elle doit ressembler, notre vie, seulement, sans le dieu de ces Vieux-Croyants11, qui profite aux Juifs et à personne d’autre… »

     Et Vlassaov se mit à brailler avec désespoir contre le dieu des Vieux-Croyants, qui n’avait pitié que des Juifs. Il hurlait, trébuchait et courait après son dieu inconnu, mais à cet instant, une patrouille de Cosaques lui coupa le chemin. À sa tête chevauchait un officier en pantalon à bandes et à ceinture d’apparat en argent, une casquette haute posée  sur sa tête. L’officier avançait lentement, sans regarder sur les côtés. Il chevauchait comme dans un défilé, où l’on ne peut regarder que devant soi.

     « Capitaine, murmura mon père quand le Cosaque fut à sa hauteur, capitaine, dit mon père en se prenant la tête à deux mains, et il se mit à genoux dans la boue.

     — Que puis-je pour vous ? » répondit l’officier en continuant à regarder droit devant lui et en portant à sa visière une main gantée de chamois jaune citron.

     En avant, à l’angle de la rue aux Poissons, des pillards démolissaient notre magasin et y prenaient des boîtes de clous, des appareils et mon portrait en uniforme de lycéen, pour les jeter dehors.

     « Voyez, dit mon père, toujours à genoux, ils saccagent ce qui m’est cher, capitaine, pourquoi… »

     L’officier marmonna quelque chose, porta à sa visière son gant jaune citron et toucha ses rênes, mais le cheval ne bougea pas. Mon père se traînait sur les genoux devant l’animal et se frottait à ses bonnes jambes courtes, à peine ébouriffées. 

     « À vos ordres, Monsieur12 » dit le capitaine, qui tira sur la bride et partit, suivi par les Cosaques.

     Assis sur leurs hautes selles, impassibles, ils suivaient un défilé imaginaire, tournèrent dans la rue de la Cathédrale et disparurent.

     À ce moment, Galina me poussa de nouveau vers la fenêtre.

     « Appelle ton papa et dis-lui de rentrer : il n’a rien mangé de la journée. »

     Je me penchai par la fenêtre.

     En entendant ma voix, mon père se retourna.

     « Mon petit garçon », balbutia-t-il avec une tendresse indicible.

     Et nous revînmes, lui et moi, dans la véranda des Roubtsov, où ma mère était allongée, dans sa rotonde verte. Des haltères et un attirail de gymnastique traînaient à côté de son lit.

     « Sales kopecks – ma mère nous accueillit par ces mots –, une vie qui soit humaine, les enfants, notre malheureux bonheur, tu leur as tout sacrifié », cria-t-elle d’une voix rauque, une voix qui n’était pas la sienne, avant de se tordre sur le lit, puis de se calmer.

     Alors, dans le silence, on m’entendit hoqueter. Je me tenais près du mur, ma casquette enfoncée sur la tête, et je hoquetais sans pouvoir m’arrêter.

     « Voilà qui est honteux, mon mignon », dit Galina en souriant de son sourire dédaigneux, et elle me donna une tape de son peignoir raide. Dans ses souliers rouges, elle alla à la fenêtre et se mit à accrocher des rideaux chinois à une corniche étrange. Ses bras nus disparaissaient dans la soie, sa natte vivait et remuait sur sa hanche, je la contemplais avec ravissement.

     En garçon instruit, je la regardais comme une scène lointaine, éclairée par de nombreuses herses13. Et, sur-le-champ, je me vis en Mirone, le fils du charbonnier qui avait son commerce au coin de notre rue. Je m’imaginai en membre de la brigade d’auto-défense juive14 : comme Mirone, je vais dans des souliers déchirés, attachés avec une ficelle. J’ai à l’épaule, retenu par un cordon vert, un fusil défectueux, je suis à genoux près d’une vieille palissade en planches et je riposte à coups de fusil au tir des assassins. Derrière ma palissade s’étend un terrain vague jonché de tas de charbon poussiéreux, mon fusil tire mal, les assassins se rapprochent sans cesse, avec leurs barbes et leurs dents blanches ; je ressens fièrement la proximité de la mort et j’aperçois Galina dans les hauteurs, dans un monde d’azur. Je vois une meurtrière pratiquée dans le mur d’une maison gigantesque aux myriades de briques. Cette maison pourpre domine de sa masse écrasante une ruelle à la terre grise mal tassée, et Galina se tient à la meurtrière du haut. Depuis cette fenêtre inaccessible, elle arbore son sourire dédaigneux, et son mari l’officier, à moitié nu, se tient derrière son dos et l’embrasse dans le cou…

     M’efforçant de faire passer mon hoquet, je m’imaginai ainsi pour que mon amour pour Galina fût plus amer, plus enflammé et plus désespéré, peut-être aussi parce que l’affliction paraît toujours immense, à dix ans. Ces rêveries stupides m’aidèrent à oublier la mort de mes pigeons et celle de Schoïl, j’aurais peut-être oublié ces meurtres si, à cet instant, Kouzma n’était pas entré dans la véranda en compagnie de l’horrible Juif Aba.

     Ils arrivèrent au crépuscule. Dans la véranda, une lampe brûlait chichement, penchée un peu d’un côté : une lampe clignotante, la compagne du malheur.

     « J’ai fait la toilette du grand-père15, dit Kouzma en entrant, il est16 très beau, maintenant, et j’ai amené avec moi un servant17 – Kouzma désigna le shamès17 Aba –, histoire qu’il dise quelques mots pour le vieux… Il peut bien pleurnicher un peu, reprit le concierge avec bonhomie, si on lui donne de quoi se remplir la panse, il importunera Dieu toute la nuit… »

     Il se tenait sur le seuil, Kouzma, son bon nez cassé tourné dans toutes les directions, et il voulait raconter le plus sincèrement possible comment il avait attaché les mâchoires du mort, mais mon père l’interrompit.

     « Je vous en prie, reb18 Aba, fit mon père, dites quelques prières pour le défunt, je vous paierai…

     — Je crains, moi, que vous ne me payiez pas, dit Aba d’une voix morne, et il posa sur la nappe son visage barbu et capricieux ; je crains que vous ne gardiez ma commission et partiez avec elle en Argentine19, à Buenos-Aires pour y ouvrir un commerce en gros… une affaire de commerce en gros », mâchouilla-t-il de ses lèvres méprisantes, et il attira à lui le journal Le fils de la patrie20, posé sur la table. Ce journal parlait du Manifeste du 17 octobre du tsar21, et de liberté. 

     « … Citoyens de la libre Russie – Aba lisait le journal en détachant les syllabes et en mâchant la barbe dont il s’était rempli la bouche –, citoyens de la libre Russie, nous vous souhaitons un bon dimanche, une joyeuse nouvelle fête de Pâques22… »

     Le journal oscillait, il était posé en biais devant le vieux shamès, qui le lisait d’une voix chantante et endormie, en accentuant bizarrement les mots russes qu’il ne connaissait pas. Ces accents d’Aba étaient comme les propos abscons d’un nègre arrivant de son pays et débarquant dans un port russe. Ils firent rire même ma mère.

     « Je commets un péché, s’écria-t-elle en émergeant de sa rotonde, je ris, Aba… Dites-moi plutôt comment vous allez, vous et votre famille.

     — Demandez-moi autre chose », grommela Aba sans retirer sa barbe de sa bouche, et continuant à lire le journal.

     « Demande-lui autre chose », reprit à sa suite mon père, qui se planta au milieu de la pièce. Ses yeux, nous souriant à travers ses larmes, tournèrent brusquement dans leurs orbites et se braquèrent sur un point invisible.

     « Oï, Schoïl », prononça mon père d’une voix égale et fausse, préparant quelque chose.

     Nous vîmes qu’il était sur le point de crier, mais ma mère nous devança.

     « Manousse, s’écria-t-elle, les cheveux instantanément en désordre, et elle se mit à griffer23 la poitrine de son mari, regarde comme notre enfant va mal, pourquoi n’entends-tu pas ses hoquets, pourquoi, Manousse ? »

     Mon père se tut.

     « Rachel, dit-il craintivement, je ne puis te dire à quel point je regrette Schoïl… »

     Il alla à la cuisine et en revint avec un verre d’eau.

     « Bois, l’artiste, dit Aba en s’approchant de moi ; bois cette eau, qui te sera aussi utile qu’un encensoir à un défunt24… »

     De fait, l’eau ne me fut d’aucun secours. Je continuai à hoqueter, de plus en plus fort. Des rugissements sortaient de ma poitrine. Une grosseur, agréable au toucher, gonflait dans ma gorge. Cette grosseur respirait, enflait, me bouchait le gosier et glissait hors de mon col.

     Ma respiration bouillonnait à l’intérieur de cette grosseur. Comme de l’eau qui bout. Et lorsque, vers la nuit, je cessai d’être le petit garçon aux grandes oreilles que j’avais été jusque là, je devins une petite boule se tortillant, et alors ma mère, emmitouflée dans un châle, devenue plus grande, plus élancée, s’approcha de madame Roubtsov, qui était glacée d’effroi. 

     « Ma chère Galina, dit ma mère d’une voix forte et chantante, que de tracas nous vous causons, à vous, à Nadièjda Ivanovna et à tous les vôtres… Comme j’ai honte, ma chère Galina… »

     Les joues en feu, ma mère pressait Galina vers la porte ; ensuite, elle se précipita sur moi et me fourra son châle dans la bouche, pour étouffer mes gémissements.

     « Supporte-le, fiston, chuchota ma mère : fais-le pour ta maman. »

     Mais, même si cela avait été supportable, je ne l’aurais pas fait, car je ne ressentais plus de honte…

     Ainsi débuta ma maladie. J’avais alors dix ans. Au matin, on m’emmena chez le docteur. Le pogrome se poursuivait, mais on ne s’en prit pas à nous. Le docteur, un homme corpulent, me trouva une maladie des nerfs25. 

     Il nous prescrivit de partir au plus vite pour Odessa, d’y consulter des professeurs et d’y attendre la belle saison, la chaleur et les bains de mer.

     C’est ce que nous fîmes : quelques jours plus tard, nous partîmes, ma mère et moi, à Odessa, chez mon grand-père Lévy-Itzhok et mon oncle Simon. Nous prîmes le vapeur, un matin, et, vers midi, les lourdes vagues vertes de la mer succédèrent aux eaux impétueuses du Boug25. S’ouvrait devant moi la vie chez Lévy-Itzhok26, mon grand-père fou, et je dis adieu pour toujours à Nikolaïev, où s’étaient écoulées dix années de mon enfance.


     1925




Notes


  1. Fille d’Apollon.
  2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_russo-japonaise
  3. Dans le texte : trente pouds. Le poud pesait à peu près 16,4 kg.
  4. Leur concierge ukrainien. Voir la fin du récit précédent,  Histoire de mon pigeonnier.
  5. Voir la  fin du récit précédent : les parents du narrateur s’étaient réfugiés chez lui pour échapper au pogrome.
  6. Évoqué dans la deuxième partie du récit Histoire de mon pigeonnier. Ces pogromes étaient organisés en sous-main par la police, comme dérivatif au mécontentement social, l’autocratie russe étant déjà déstabilisée par les défaites retentissantes infligées par le Japon.
  7. https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_de_r%C3%A9sidence
  8. Ancien manteau sans manches.
  9. Laquelle y dort, en général…
  10. Secte chrétienne opposée à l’Église orthodoxe, apparue au XVIIIe siècle, donc bien après le schisme des Vieux-Croyants. L’origine du terme est controversée : on la rapproche souvent du terme moloko, signifiant le lait en russe, et l’on baptise ainsi ces gens les « buveurs de lait » – surnom qui semble leur avoir été donné par les Orthodoxes, qui les accusaient de boire du lait pendant le Carême (qui exclut toute consommation animale). Mais d’autres rapprochements onomastiques ont été faits, notamment avec la rivière Molotchnaïa, en Ukraine. Les molokanes rejettent les rites orthodoxes, condamnent les icônes, les croix portées sur le corps, ne reconnaissent ni les saints ni la hiérarchie de l’Église orthodoxe, ne mangent pas de porc et condamnent l’usage de l’alcool, du tabac et des drogues.ls furent persécutés sous Nicolas Ier. Vers la fin du XIXe siècle, ils auraient été un demi-million, installés principalement vers le Caucase. Les molokanes commencèrent à émigrer à partir de 1900 : en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, en Asie et en Nouvelle-Zélande. On trouve des allusions aux molokanes dans la littérature russe, notamment chez Leskov et chez Tchékhov.
  11. Sur les Vieux-Croyants, déjà mentionnés dans la note précédente :
     https://fr.wikipedia.org/wiki/Orthodoxes_vieux-croyants
  12. Seulement indiqué par l’enclitique sifflée « s » accolée au mot précédent : ici ironiquement obséquieux.
  13. Éclairage de théâtre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Herse_(th%C3%A9%C3%A2tre)
  14. Dès les années 1880, après le grand pogrome de Kichinev, des organisations comme le Bund ou Poalé Zion avaient créé des groupes de combat, d’auto-défense juive.
     https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_g%C3%A9n%C3%A9rale_des_travailleurs_juifs
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Poale_Zion
  15. C’est-à-dire du vieux : rappelons que Schoïl était (voir le récit précédent) le grand-oncle du narrateur.
  16. Le texte russe utilise ici un pluriel de respect, régulièrement employé pour parler de patrons ou de supérieurs.
  17. Équivalent, pour une synagogue, d’un sacristain pour une église. Shamès est une transcription du yiddish, en passant par le russe, et cela désigne encore le bedeau d’une synagogue.
  18. Appellation tenant du « Herr » allemand, donné en yiddish à tout homme pieux, un peu versé dans l’étude des livres sacrés.
  19. Le baron Hirsch organisait à l'époque le transport et l'installation de Juifs russes dans les régions du Nord-Est de l’Argentine – en particulier dans la province d'Entre Rios; l'écrivaine Perla Suez a écrit une trilogie sur le sujet à partir de l'histoire de sa famille de « gauchos judios » (signalé par Michel Delarche).
  20. Différentes revues de ce nom se succédèrent au cours du XIXe siècle. Il s’agit ici d’un quotidien édité à Saint-Pétersbourg à la fin de l’année 1904 et durant l’année 1905, de tendance SR (les Socialistes-Révolutionnaires : https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_socialiste_r%C3%A9volutionnaire_(Russie). 
  21. https://fr.wikipedia.org/wiki/Manifeste_d%27octobre (il y a une erreur dans le libellé du lien : lire 17 octobre – ancien calendrier –, et non 27…)
  22. Ma traduction est interprétative.L’expression du texte renvoie d’habitude au jour de Pâques, mais nous sommes le dimanche 18 octobre (ancien calendrier), le Manifeste du tsar a été proclamé la veille, et Pâques est tombé, cette année-là, en avril : la contradiction est totale. cela a causé du souci aux anciennes traductions, la première (A. Bloch et M. Minoustchine) optant pour un simple dimanche, et la deuxième (S. Benech) carrément pour Pâques. Je penche pour un commentaire imaginé sur un mode messianique, ici, du manifeste du tsar, octroyant aux citoyens un certain nombre de libertés. Je n’ai pas pu retrouver le numéro du journal en question. En 1925, les SR étaient interdits et ses anciens membres réprimés, certains se retrouvaient dans les premières îles du Goulag, aux Solovki, notamment : personne n’irait chercher noise à Babel d’en rajouter, lui qui, de son propre aveu avait « des relations irréelles avec la réalité ».  Il est possible aussi de voir dans ce titre une allusion en abîme à la Pâque juive, célébration de la libération des Hébreux, de leur sortie d’Égypte. Babel avait plus d’un tour dans son sac.
  23. Dans le texte : à déchirer !
  24. Sorte d’équivalent russe de notre emplâtre sur une jambe de bois.
  25. Il faut signaler qu’on trouve dans la traduction la plus ancienne (Bloch-Minoustchine) des paragraphes entiers qui semblent relever d’une version différente du texte. Je travaille à partir de plusieurs versions en ligne du texte russe. J’espère que mon interprétation est la bonne, j’ai déjà rencontré ce phénomène chez Denis Roche, qui fut il y a longtemps le traducteur de Tchékhov, et à qui celui-ci ne daignait pas toujours communiquer la dernière version de ses récits, d’où des décalages. J’ose espérer qu’il ne s’agit pas du remplissage impertinent que j’ai pu constater dans certaines mauvaises traductions de Gontcharov ou de Bounine…
  26. https://fr.wikipedia.org/wiki/Boug_m%C3%A9ridional 
  27. En fait, ce grand-père, évoqué, mais non nommé, dans le récit précédent, Lévy-Itzhok, était mort en 1893, un an avant la naissance de l’auteur, d’après l’étude mentionnée à la note 2 du récit précédent, Histoire de mon pigeonnier. Quant à l’oncle Simon, il semble que ce soit une création de l’imagination du jeune narrateur…

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